Le CIO va-t-il donner les clés des chambres du village olympique de Londres 2012, aux officiels de la lutte anti-dopage?
Face à un dopage de plus en plus technique et scientifiquement organisé, la lutte anti-dopage se doit de mobiliser un maximum d’outils techniques et juridiques pour pouvoir atteindre ses objectifs de dissuasion et de sanction du dopage.
Les fenêtres temporelles de détection des produits illicites se réduisent parfois à quelques heures après l’ingestion ou l’injection, alors que les effets dopants de ces mêmes molécules peuvent, eux, durer plusieurs semaines.
C’est cette spécificité du dopage moderne qui a conduit depuis une quinzaine d’années le mouvement sportif et les gouvernements à concentrer l’essentiel de leurs moyens en matière de lutte anti-dopage sur les contrôles inopinés.
Dans ce contexte, l’administration de la lutte anti-dopage doit donc, pour maximiser son efficacité et sa force de dissuasion, être en mesure de localiser les athlètes entrant dans le fameux « testing pool », 7j/7j et 24h/24h.
Sans aller jusqu’à imposer le bracelet électronique de géolocalisation, on voit bien que pour lutter efficacement contre le dopage, le mouvement sportif et les gouvernements doivent donc arbitrer entre préservation de la santé des sportifs, des règles et de l’éthique sportives, d’une part, de la dignité et des droits fondamentaux de l’individu, d’autre part.
La culture sportive universaliste dont est imprégnée la lutte anti-dopage n’arrange rien lorsqu’elle doit se confronter aux interprétations locales des notions de dignité et de droits humains.
Il y a ainsi fort à parier que les athlètes issus de pays totalitaires ne s’offusqueraient pas de voir débarquer dans leur chambre du village olympique aux JO de Londres 2012 des officiels de la lutte anti-dopage, affairés à fouiller leurs effets personnels, si le CIO devait valider cette curieuse proposition de Mr. Gerry Sutcliffe, ministre britannique des sports.
Malgré tout mon engagement pour la lutte contre le fléau du dopage, je trouve que la Sainte Croisade va parfois trop loin. Le sportif de haut niveau, aux JO ou ailleurs, ne doit pas statutairement se retrouver dépouillé (notamment quand sa nationalité lui offre plus de droit que le sport) de ses droits de citoyens.
Au même titre que la lutte contre le terrorisme ne peut légitimer la mise sur écoute systématique de la population, ou la perquisition sans un mandat étayé d’un faisceaux de présomptions, celle contre le dopage ne peut se faire sans le respect de ces mêmes droits.
L’arbitrage est difficile, et la dérive orwellienne est tentante.
Cette nouvelle étape que s’apprête à franchir le mouvement sportif sur le terrain de la lutte antidopage montre l’urgente nécessité de fiabiliser et de généraliser la mise en place de passeports biologiques. Le suivi de l’évolution des profils biologiques individuels devrait en effet libérer la lutte anti-dopage de la recherche directe de la tricherie, par dosage des métabolites des substances prohibées.
En lieu et place de celle-ci devrait alors naître une lutte anti-dopage plus efficace et moins liberticide, fondée sur la capacité à discerner l’origine des variations, naturelles ou artificielles, des paramètres biologiques individuels au cours du temps. Plus besoin donc de traquer les sportifs, ces derniers n’étant contraints qu’à des prélèvements suffisamment réguliers, mais pas nécessairement inopinés.
I don't ride a bike to add days to my life. I ride a bike to add life to my days !!!