Le Web s'attaque aux commentateurs sportifs
Sur Internet, beaucoup s'agacent de la prestation des commentateurs – historiques – de France TV, jugés trop chauvins. Sur Twitter on raille le machisme des uns, le côté «has-been» des autres. Dernier couac en date : une maladresse de Nelson Monfort faisant part de la vie privée d'une nageuse française.
«Vous terminez quatrième, au pied du podium, pas trop déçu?» ; «Je n'ai pas de question en réalité, faites nous juste part de votre bonheur!» ; ou encore «Vous êtes génial ! Au nom de toute l'équipe de France Télévisions, merci pour ce moment extraordinaire que vous nous avez offert!».
C'est à ce genre de saillies que l'on assiste depuis le début des Jeux Olympiques de Londres. On en oublierait presque que les commentateurs sportifs sont avant tout journalistes. Depuis dix jours, les critiques pleuvent sur la couverture médiatique des JO et particulièrement sur l'équipe vieillissante qui tient les antennes de France 2 et France 3. La même depuis un certain nombre d'années maintenant, les Patrick Montel, Nelson Monfort, Lionel Chamoulaud et autres Gérard Holtz.
Chauvinisme, empathie exacerbée pour les athlètes, les commentateurs apparaissent comme les supporters numéro 1 de l'équipe de France. Une émotion qui rend bien souvent les interviews peu intéressantes, et qui prend le pas sur la pertinence de l'analyse. Ainsi lorsque les journalistes manquent de s'étouffer sur le record de Tony Estanguet, qui «entre dans la légende du sport» avec ses trois médailles d’or, à trois olympiades différentes, et pour la même épreuve. Comme l'explique Michel Caillat, sociologue du sport, aux Inrockuptibles, «personne ne se donne la peine de relativiser l’info, en expliquant notamment que le canoë à haut niveau permet des carrières plus longues que dans la plupart des autres disciplines».
«RINGARD»
Au-delà de ce ton général vivement critiqué sur Internet, la retransmission télévisée des JO a donné lieu à quelques couacs. Le plus gênant est sans doute la maladresse de Nelson Monfort. Le 1er juillet, après la médaille de bronze des Françaises au relais 4x200 m, l'inamovible polyglotte lunaire, que beaucoup d'internautes qualifient de «ringard» s'adresse à la nageuse Ophélie-Cyrielle Etienne, dont la mère est décédée l'an dernier : «Ophélie approchez ! Parce que nous aimons beaucoup votre sensibilité. Vous avez souffert il y a un peu plus d’un an d’un deuil familial. J’imagine à qui vous souhaitez dédier cette médaille, ce soir». Le malaise de la jeune athlète, qui va rapidement se mettre en retrait, est palpable : «Je pense à elle. Mais j’ai aussi envie de penser à tous les gens qui sont là et toute ma famille qui est venue me supporter et qui me regarde aussi»
LE COURROUX DE TWITTER
Dans un registre différent mais tout aussi élégant, Gérard Holtz et ses remarques mysogynes, lorsqu'il s'adresse à une ancienne judokate qui commente à ses côtés le judo, en la complimentant à sa manière : «On peut être une grande championne et rester jolie». Ce qui sous-entend que les autres championnes ne le sont pas forcément bien sûr...
France TV fait exploser Twitter, où les commentateurs sont de manière générale traités de «has-been». D'autant que ces derniers ont eu la mauvaise idée d'organiser un débat sur l'utilité du réseau social, mardi 31 juillet, dans «la prolongation» de Patrick Montel, après minuit. Au cours des échanges, on a pu entendre parler de la dangerosité de Twitter ou encore du statut de drogue du réseau social. Ce qui n'a pas manqué de susciter la raillerie des twittos. Un exemple parmi tant d'autres :
SUCCÈS D'AUDIENCES
Enfin dernier sujet de critiques, plus objectif : les choix de programmation et de diffusion des épreuves. Mardi 31 juillet, le tennisman français Jo-Wilfried Tsonga affrontait au deuxième tour le Canadien Milos Raonic. Dernier jeu. 15A. Suspense. Il s'agit du set le plus long de l'histoire des JO, 25-23. Et bien, c'est le moment que choisit France Télévisions pour couper l'antenne et montrer un peu de gymnastique. Des images en différé. Autre exemple, dimanche 29, dans la course cycliste en ligne féminine, dés l'instant ou il n'y avait plus de Françaises dans l'échappée finale, la retransmission s'est arrêtée...
Malgré les railleries, le succès est pourtant au rendez-vous pour France TV, très régulièrement en tête des audiences. Le journal de 20h, boosté par la diffusion des JO, a même battu celui de TF1, le 1er août et ce pour la première fois depuis 1998. Et puis pour être totalement honnête, la quantité des sports diffusés reste impressionnante. Cette semaine encore, les téléspectateurs ont eu l'occasion de regarder du hockey sur gazon féminin, de la planche à voile ou encore du badminton.
Quoi qu'il en soit, si les commentaires de France TV vous agacent, vous avez toujours la possibilité de regarder les JO sur le site internet de la chaîne. Les images présentent l'avantage de ne pas être commentées...
I don't ride a bike to add days to my life. I ride a bike to add life to my days !!!