NANGATRI a écrit :
Sylver, voici une autre définition de la mauvaise foi:
mauvaise foi
Chez Sartre, attitude du sujet qui cherche à se masquer à lui-même la vérité de sa totale liberté dans son choix de lui-même et de ses actes, afin d'échapper à l'angoisse de la responsabilité.
La mauvaise foi se manifeste en particulier dans la recherche d'excuses, la revendication d'une nature ou d'un caractère.
Nanga, j'apprécie tes efforts pour élever le débat et ta stature intellectuelle en citant Sartre, mais crois-moi, il est désormais généralement admis que Sartre, malgré son immense succès populaire, est très certainement le plus surévalué des auteurs du XXème siècle.
On regarde aujourd'hui d'un oeil différent sa vie et son oeuvre. Il est vrai que ce que l'on a depuis appris de son comportement pour le moins ambigu pendant l'occupation, ses prises de position en faveur de la pédophilie, sa défense du régime soviétique, sa vénération pour le marxisme, son soutien sans faille à l'expérience maoïste dont on connait aujourd'hui les dizaines de millions de victimes... bref sa duplicité et son aveuglement constants durant les événements qui ont secoué le XXème siècle ne plaident pas en sa faveur.
Tu me diras, tout ceci pourrait presque en faire un expert en mauvaise foi... A ce titre, j'apprécie l'idée que la mauvaise foi consiste "à se masquer à soi-même la vérité de sa totale liberté dans son choix de lui-même et de ses actes, afin d'échapper à l'angoisse de la responsabilité".
On le voit clairement, Eric D est parfaitement libre de ses choix et de ses actes, et il entend se prévaloir de cette liberté, indépendamment de toutes les contraintes que d'aucun ici voudraient lui imposer: fais pas Embrun, va rouler, fais pas la machine à nager, va prendre des cours, fais pas ci, fais pas ça, c'est comme ça qu'on fait et c'est pas comme ci... Au fond, Eric D pourrait être vu comme la preuve unique et fragile de l'existentialisme sartrien.
Mais hélas, cet existentialisme, cette expression publique, assumée et éclatante d'une liberté insouciante et totale ne va pas sans susciter la mauvaise foi des commentateurs, qui ne peuvent que jalouser cette liberté qu'ils se refusent à assumer pour eux-mêmes.
L'approche existentialiste d'Eric ébranle profondément le confort structuraliste et petit-bourgeois du forumeurs moyen, et c'est cela qui suscite la mauvaise foi. Ce fil le montre clairement: le structuralisme dépasse largement l'existentialisme: malgré sa bravoure existentialiste, Eric a du mal à résister au flot ininterrompu de la critique structuraliste.
Bref, une fois de plus, Sartre a eu tort.