Première chose, l'idée de l'amnistie, plus précisément d'une opération "truth and reconciliation", provient de l'UCI. Un journaliste a interrogé John Fahey sur ce point car l'UCI, et pas l'AMA, a évoqué cette possibilité il me semble avant la publication du rapport de l'USADA. Ce n'est absolument pas une information nouvelle.
L'information importante de la journée AMHA c'est le retrait de Rabobank.
L'idée d'une opération "truth and reconciliation" n'est pas une mauvaise idée sur le fond, personnellement j'y suis favorable. Si l'on veut réellement changer les pratiques anciennes, il faut éliminer l'omerta. Mais c'est impossible si ceux qui parlent risquent de se faire virer et d'être stigmatisés comme J. Jaksche l'a été par exemple, ou plus récemment Levi Leipheimer qui a été viré par Omega Pharma-Quick Step. Et je ne parle même pas de la mesure qui vient d'être prise par Sky.
Donc il est tout à fait rationnel de prévoir des sanctions très réduites, voire pourquoi pas une amnistie assez large, pour ceux qui collaborent à l'établissement de la vérité. Cela aurait pu être le cas d'Armstrong s'il avait collaboré, maintenant évidemment c'est sans doute trop tard, même si je m'attends à ce qu'il avoue. Il est parfaitement injuste que les coureurs soient les seuls à payer alors que ce ne sont pas les principaux responsables de la situation, je crois que nous sommes au moins nombreux à être d'accord sur ce point.
Deuxième chose, John Fahey n'a pas dit qu'il adhérait à cette idée ni que l'AMA y adhérait, mais que c'était une idée à discuter. De fait, à un moment où on dévoile la plus grande escroquerie de l'histoire du sport, à un moment où un sponsor comme Rabobank vient de déclarer qu'il quittait le cyclisme pro, il semble normal de discuter toutes les idées constructives. Systématiquement punir les coureurs lorsqu'ils parlent est une très mauvaise chose qui ne fait que renforcer l'omerta.
Enfin, la réponse de Fahey peut aussi être interprétée comme l'expression d'une certaine défiance vis-à-vis de l'UCI : il insiste sur le fait que si des règles permettant l'amnistie sont introduites, cela doit venir de l'ensemble des sports et s'appliquer à l'ensemble des sports, pas simplement au cyclisme. Ce qui revient à dire que l'UCI ne peut en aucun cas imposer une telle amnistie de façon unilatérale.
Voici exactement ce qu'a dit Fahey :
"There is talk of an amnesty; It was raised initially by the UCI and raised subsequently by the Australian head of cycling. Let me say this: it is not for cycling to call an amnesty, it is something WADA would do. And it would have to apply not just to cycling, but to cheating in any sport,"
Pour finir et incidemment je rappelle que la décision de l'USADA ne porte pas sur le cas individuel de LA, mais sur une conspiration qui implique directement un directeur sportif, plusieurs médecins, et un coureur. Ce n'est pas une opinion, mais un fait. Précisément dans cette décision se sont d'abord des médecins et un directeur sportif qui sont visés, dont certains vont se retrouver vraisemblablement en prison, et pour longtemps si vous avez lu l'article sur l'affaire Ferrari. Le cas de Ferrari relève clairement du pénal, pas de la simple sanction sportive. Je ne vois pas, même en cherchant bien, comment on peut dire qu'il s'agit d'un acharnement sur un seul homme — même si je suis conscient que c'est le discours diffusé par les experts en com de LA.