Grand raid 2010 - Ile de la Réunion

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panto
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Re: Grand raid 2010 - Ile de la Réunion

Message non lu par panto »

Pour les métros (poltitains) il me semble vers mai. Il y a environ 1000 places et c'est parti en 1 semaine cette année. Pas de critères comme sr l'UTMB pour l'instant. 1er inscrit, 1er servi.
JEAN974
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Re: Grand raid 2010 - Ile de la Réunion

Message non lu par JEAN974 »

un grand bravo pour ta course Pascal, impressionnant...
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tropical victim
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Re: Grand raid 2010 - Ile de la Réunion

Message non lu par tropical victim »

le compte-rendu de course en ligne sur onlinetri ! :sm2:
le compte-rendu de course en ligne sur onlinetri ! :sm2:
le compte-rendu de course en ligne sur onlinetri ! :sm2:

c'est vrai c'est dur de le lire en petits bouts sur le lien, il est si beau ton compte-rendu, pascal, et il peut intéresser tellement de monde
mets-le nous en entier sur le site, allez !

je vous dis, il vaut le coup, panto, c'est un mec il a un coeur aussi sensible qu'il a les muscles d'acier
un warrior poète, un gentleman triathlète
et puis une 24e place qui déchire !!!
Il n'y a pas de traversée du désert,
il n'y a qu'une marche vers l'oasis
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panto
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Re: Grand raid 2010 - Ile de la Réunion

Message non lu par panto »

OK François. Je fais un COPIER-COLLER

Prologue :

Cette Diagonale, je l'ai préparée, étudiée. Ayant un défi à relever car devant si possible mieux la vivre qu'en 2009, je l'ai abordée différemment.
En 2009, mon objectif était de rentrer dans le top50. J'ai du batailler pour y parvenir et je me suis rendu compte que j'étais resté sous pression toute la course.
Je n'avais pas eu le temps d'apprécier les bons moments; je ne gardais en mémoire que les images de souffrance,en oubliant de vivre les instants forts.
2010 étant exceptionnelle à tous points de vue, n'ayant plus de repères de temps et de parcours, j'ai décider de l'aborder sans pression et de prendre du plaisir aussi bien dans la préparation et pendant la course.

Après une course de l'Arc en Ciel difficile et une 97/4 un peu juste sur la fin, j'ai pu commencer ma préparation à proprement dîte.
Quelques courses orientées montée en juillet-août et on aborde les reconnaissances. Tout le parcours est reconnu en tronçons de 30/40 km puis en septembre en portions de 60 km.
J'ai pu estimer tous les temps de passage et les affiner. J'ai donc découpé la course en autant de morceaux de 1 à 2 heures 30 maximum et mis tout sur papier. J'ai fait 3 timing sur cette base de 31h, 31h30 et 32h.

Pour la préparation physique en elle-même : beaucoup de montées en vélo, quelques sorties nocturnes ou matinales vers le site de Dioré au dessus de chez moi (configuration du départ de Cap Méchant)i, natation, piste une fois par semaine. Les sensations sont bonnes et la récupération rapide. Je privilégie surtout le confort et la souplesse en montée. J'ai des problèmes d'articulation dans les descentes, notamment des douleurs aux genoux mais qui vont s'estomper sur la fin. De supers sensations au triathlon LD de St Leu début octobre. Tous les voyants sont au vert.

Les dernières semaines sont consacrées aux réglages finaux (matériels, frontale) et au repos...repos. Beaucoup de présence sur le forum !
Des somnifères les derniers jours afin d'accumuler le maximum de sommeils et tenir 31/32 heures comme prévu. je lis et relis les conseils d'alimentation afin de ne pas connaître les mêmes mésaventures que les années précédentes.

le 21 au matin, j'avale mon dernier somnifère et exceptionnellement arrive à dormir 2 heures. Rassuré de ce coté. Petit repas vers 16h.

Prendre le bus de jour à 17h30 me fait tout bizarre. L'ambiance est différente. Je retrouve un camarade et arrive à somnoler à partir de Ste Anne. Je suis bien, stressé bien sûr mais reposé.

Arrivée au stade vers 19h30.

La course, 1ère nuit :

Je suis sur le stade, un peu comme dans un brouillard. Je ne reconnais personne et décide de m'approcher du départ. Je vois Pascal (Pénot) près des barrières et m'incruste avec lui.
Les animations commencent. Pas le TAMTAM habituel qui nous fait monter le cœur. Tant mieux !
On m'appelle à l'avant avec les cadors. Ya erreur ? Non me dit Pascal, vas-y.
A coté de Kilian et tous les autres ! 3 coups de canon, 3 minutes de retard. L'euphorie me gagne dès les 1ère foulées. Une foule énorme nous acclame. La magie opère. Je cours, cours, regarder juste devant moi pour ne pas me mettre dans un faux rythme. Juste écouter mon corps et courir. Je sens les gars autours de moi qui me doublent. Où courez-vous comme çà ? La route est encore longue et je vous reverrai !
1h36 au kiosque. Tout va bien. Je m'incruste dans un petit groupe pour la montée. J'ai un peu de mal à m'adapter au rythme. Je me sens un peu juste et n'ose doubler. Tant pis et tant mieux. On va laisser passer.
La longue montée continue, monotone. Mon cardio me lâche et affiche 55 pulsations. Je l'enlève. On s'en passera. Je récupère parfois quelques marcheurs, me fais parfois distancer par certains. Ne pas s'affoler. On les reprendra plus tard.

Arrivée au sommet. Il faut relancer, recourir. Aïe mon ventre ne veut pas. Comme d'habitude ! Ne pas attendre. Faire une pause de suite quitte à perdre 5'. Sage décision.
Je repars en récupère ceux qui m'ont doublé avant Foc-Foc.

L'instant magique pour tous : sous la clarté de la pleine lune, les rougeurs de la lave, un grondement lointain... je ne peux me détacher de cette vision au risque de tomber car obligé de regarder en arrière. J'admire de tout mon soul et repars plein de bonheur d'être là.

Avant le poste du volcan, je m'égare et me retrouve en plein milieu de la plaine des sables. La lune m'éclaire, mes 2 frontales également. Je décide de partir tout droit en m'orientant vers l'endroit où doit se trouver le ravitaillement. Sensations uniques : courir sous la lune et sur la lune à la fois, seul au monde, les pieds dans le sable dur.
Je vois les lueurs au loin et me dirige vers le ravito. Un monde incroyable. Je ne m'attarde pas et repars dans la nuit.
J'ai pointé 6' après mon temps prévu, Je pense être dans les 200. on m'annonce 128ème. Tout va bien.

Toutes les autres années, le jour se lève. Cette fois cette nuit magique a décidé de se prolonger. Vive le départ à 22h
La montée de l'oratoire se passe sans problème. Je récupère régulièrement des coureurs. Je descends tranquille, soigne mes appuis. Textor dans la nuit. j'aborde la descente du chalet des pâtres et au lieu de me faire reprendre des places, je continue à grappiller. Merci à mes 2 frontales et à ceux qui ont conseillé la 2ème à la taille au lieu de la main. Je jour commence à se lever avant d'arriver à Mare à Boue. Je cours tranquille sur la route. Pas de crampes.
7h20 de course, 5h23. Parfaitement calé dans mon planning avec 5' d'avance. Une bonne chose de faîte. Une autre course peut commencer.

Un nouveau jour se lève :

5h30 du matin, installé dans les 100 premiers, je poursuis mon bonhomme de chemin. Après m'être refait un bidon de poudre, rangé mes frontales j'attaque la route forestière en trottinant.
J'arrive dans le sentier descendant vers la Petite Plaine. Le soleil du matin me revigore.
Je me fais rattraper dans cette descente de casse cou. Heureusement le terrain est sec. Après avoir fait le singe, je me retrouve sur la route bétonnée. Une regroupement s'opère. Je rejoints Anthony Richecoeur, le frère de Richeville Esparon, Eddy Ferrere et 2 autres gars. Ce dernier me dit "ben ou lé en forme, koi ou fé la !" On discute tranquillement.
J'appréhende la suite. Je n'ai pas reconnu les sentiers. On s'engouffre dans le 1er. Bonne surprise. C'est sec et souple !
Je prends mon rythme et me retrouve seul au bout d'un moment.
Je rattrape Fred (Lacroix du forum) et lui dit de me suivre. Il me dit qu'on n'est pas sur le même objectif final et qu'il préfère continuer à son rythme
Le 2ème sentier est long mais c'est un plaisir. Je ne regrette pas ce choix de dernière minute.
J'avais prévu 2h30 par la route depuis Mare à boue jusqu'au gîte. J'aurai mis 2h36.
Je rattrape un blondinet avant le gîte. C'est Seb Carel, mon camarade de club de triathlon ? Pas possible ! Je lui dis qu'il est parti trop vite. Il me le confirme et me dit qu'il est grillé, qu'il s'arrêtera à Hell Bourg pour se refaire. Il me prend malgré tout la roue dans une descente super rapide et agréable que l'on avale en 25' alors que j'avais prévu 40' jusqu'au stade.
En arrivant en bas Sylvain, également de mon club, m'attend en vélo et nous voila ralliant le stade tous les 3 ensemble, comme sur un triathlon, les oranges sont de sortie (couleur du TCSA).
Je suis euphorique. Heureux de cette incursion dans l'est et dans le merveilleux cirque de Salazie, baigné de soleil pour l'occasion. On pointe 56 et 57 èmes.
Super : 35 places de gagné depuis Mare à Boue, sans me mettre dans le rouge et en ayant préservé mes jambes grâce aux sentiers !

Je laisse Seb récupérer. Je repars rapidement après une soupe, coca et eau. Décide de ne pas refaire de boisson mais de marcher à l'eau et au coca coupé.
Je me mets en mode "montée tranquille". 4 ou 5 gars me doublent dans la 1ère partie ainsi que sous les cryptomérias. Je marche même si je pourrais trottiner.

Commence alors le mur. Je n'ai jamais craint le Cap Anglais car je l'ai toujours bien passé (Cimasa et recos). Un peu d'appréhension car c'est la 1ère fois au bout de 70 km de course en en plein soleil mais je ne m'affole pas. Je récupère rapidement les 4/5 gars et commence tranquillement à compter les morts dont Yoland Maillot, Mohammad ansahal... Je réalise à ce moment là que les choses sérieuses commencent et qu'il va falloir tenir et garder cette place. Qu'il y a possibilité de faire "quelque chose".
J'avais calculé mon temps mais ne savait pas du tout ce que ça pouvait donner en terme de classement. J'envisage alors de rentrer dans les 30/40.
Le cap Anglais est grimpé en 1h48 environ au lieu des 1h40 prévues (ravitaillement salazie compris) mais j'ai de la marge pour la partie finale jusqu'au gite. Je récupère facilement ces minutes perdues.
La descente du bloc me semble être une délivrance, malgré les cuisses qui commencent à taper. Je la fait en trottinant à un rythme de sénateur.
Christine Bénard est tranquillement en train de reconnaître sa course du lendemain.
C'est long mais on arrive vraiment en terrain connu.
Au bloc, pas de ravito. Ce n'est pas grave, mais un monde incroyable qui m'applaudit et m'encourage? Qu'est-ce que ce sera à Cilaos ?

Arrivée à Cilaos avec 1' de retard sur mon timing ! Un peu déçu car pas beaucoup de monde, pas d'animation. Je passe devant les tentes des pédicures, des masseurs et me dirige vers le stade où m'attendent mes amis.

Il est midi 30 et je suis 45ème. Jusqu'ici tout va bien !...

Un après-midi dans Mafate

Pour moi Mafate commence dans Bras rouge : descentes, montées, relances, chaleur, terrain sec ... C'est un avant goût avant l'entrée réelle et le juge de paix qu'est le Taïbit.

Pour l'instant je suis à Cilaos et mes amis sont venus me voir. J'ai prévenu : je ne peux pas tailler la bavette. J'ai un timing de 20' à respecter !
Je retrouve Philippe, Fred, Christophe, Colette ainsi qu'Anne et Erick. Ils sont parqués derrière des barrières et ne peuvent accéder à l'espace coureur.
Je récupère mon sac avec l'organisation et vais les rejoindre au pied des barrières.
Je demande à Anne de SFR si mon GPS est OK. Elle me dit que non, il n'a jamais marché. Je le lui rend. C'est pour ça que certains m'on vu arriver à la Redoute à vitesse Grand V. Il a remarché en fait !

On s'allège. Je me change de la tête aux pieds après une petite douche bien fraîche. Mon sac me frotte le dos mais je fais l'erreur de me badigeonner de vaseline avant la douche !
Je change de chaussures.
Entre parenthèses, j'ai été infidèle à Asics pour la 1ère année. J'ai mis une paire de Mizuno CABRAKAN sur la 1ère partie. J'en ai été vraiment content et hésite avant de changer. Elle ont gardé leur amorti et ont une super accroche. J'enfile malgré tout mes Mizuno ASCENT pour tenir jusqu'à la Redoute en conservant les mêmes semelles intérieures.
J'apprends que mon camarade Armand Henriette a abandonné à Hell Bourg. Philippe me propose la frontale d'Armand aussi puissante qu'un projecteur. Je refuse parce que trop lourde et j'ai été satisfait de mon éclairage sur la 1ère nuit.
Christophe veut me masser les cuisses. Elle commencent à être un peu douloureuses. J'hésite encore et refuse car je suis pressé de repartir, de reprendre ma marche en avant. Je reste sur une mauvaise expérience en 2007 où je suis resté 1h à Cilaos et j'ai failli craquer dans la montée du Taïbit. Depuis je fuis Cilaos.

Je quitte mes amis comme un voleur après avoir rendu mon sac à Philippe. Je prend une petite bouteille en plastique avec moi, avale une soupe mélangée à quelques pâtes au ravito, une petite bouteille de yaourt, un morceau de pain sec et on ré-attaque en plein soleil. J'ai mis 23 minutes je pointe en 43ème position. Yoland maillot est repassé comme une fusée.

Je marche dans la descente de Bras rouge, le temps de me remettre dans le rythme. Des gars me redoublent. "Allé a zot. Moi mi conné commen i lé Bras Rouge !" Je bois, bois. Il fait chaud. Je garde ma bouteille à la main et la remplis à chaque passage de ravine. Je m'asperge avec cette eau fraîche. Un bonheur. J'ai calculé large : 1h30. J'arrive enfin au pied du Taîbit en 1h27.
Mes amis m'attendent à nouveau. Je les ai rappelé car j'avais un peu d'amertume de les avoir quittés comme ça ! De plus je me suis aperçu que j'avais oublié de vider quelques affaires de mon sac.

Une petite couverture nuageuse s'est formée au dessus de nous. C'est parfait. Le Taîbit est avalé sans difficulté en moins d'1h10 et la descente de marla en 20'. Je double 2 gars dans la descente. Leur adresse quelques mots. Je pointe 33ème à Marla. Inespéré. Jusqu'où vais-je descendre ? Qui va casser devant ? Je me dis que le TOP30 sera facile à atteindre ... erreur! Ne jamais se projeter à la Redoute lorsqu'on est aussi loin.

2 jeunes filles me propose un massage express. J'accepte avec joie si ça ne dépasse pas 5'. J'ai encore tapé dans les cuisses et des barres commencent sérieusement à se former à l'intérieur. 3' montre en main, le temps d'avaler une soupe brulante et j'ai des jambes neuves. Comme sur un stand de F1 ! Merci les filles ! En route vers de nouvelles aventures.

Là commence un nouveau moment magique. J'avale les km dans Mafate. Je ne sais plus quelle heure il est. La couverture nuageuse est toujours là. Il fait bon. Je cours, grimpe, relance. Je ne vois jamais personne sauf quelques randonneurs et autres pique niqueurs qui m'encouragent. Je m'imagine en Julien Chorier en 2009. C'est ce que j'avais ressenti en voyant les images de sa traversée de Mafate. J'ai l'impression de traverser Mafate comme une fusée. Je m'arrête quelques seconde à 3 roches, à Roche Plate. Une amie bénévole veut tailler la bavette. Je la plante là et file à nouveau. Je crains la barrière de la nuit. Elle tombe avant les orangers. Je reprends mes frontales dans mon sac pour aborder la sortie de Mafate. Il me reste 2 heures jusqu'à 2Bras.

Je croise un couple dans la descente vers la passerelle. Mr Antoniotti ? Oui ! Ce sont les parents de Small qui ont reconnu la tenue de mon club. Il m'informent que lui est en train de dormir à Cilaos et que tout va bien. Je ne suis pas seul au monde !

La lune ne veut pas sortir, la nuit est noire. J'arrive à 2 Bras sans avoir vu un autre coureur, jamais de frontales ni devant ni derrière. Comme si j'étais en reconnaissance. Pas de pression. Un moment magique, hors du temps et de l'espace.

Un monstre m'attend devant. Je ne suis pas encore arrivé . Je suis toujours 33ème. Personne n'a cassé pour l'instant. Je suis toujours pile poil dans mon timing. Que du bonheur !

2ème nuit. Un final éprouvant :

Deux-Bras : pas la même ambiance que d'habitude. Tout est calme. On me prend en main :
"Je vais chercher votre sac, allez vous restaurer on vous l'amène. Vous voulez un petit massage ? Tout va bien. Vous voulez qu'on vous remplisse votre gourde ? "
C'est presque indécent quand on lit les CR de ceux qui étaient à l'arrière mais quel bonheur quand on le vit ! Ne nous privons pas de notre chance.

Après un nouveau changement de tenue, prévu initialement à La Possession, je ne veux pas m'attarder avant d'affronter mon enfer : la montée de Dos d'Âne. Vincent Delebarre est complètement écroulé sur le lit à coté de moi lorsque je me change.
Je me dis qu'il est en train de faire une de ses micro-siestes. Je ne fais pas de bruits pour ne pas le réveiller. La bénévole me dit qu'il abandonne.
J'allège mon équipement mais ne dépose pas comme prévu mon sac au profit d'un porte gourdes. Mon dos est tout brulé et j'ai peur que la sacoche ne frotte encore plus à ce niveau. Je ne garde que l'équipement obligatoire allégé prévu pour entrer dans la banane, dépose mon imper et mon T-Shirt manche longue qui traînent depuis le début au fond de mon sac, décharge toutes les barres et les sachets de poudre inutilisées et inutiles. Je n'oublie pas le débardeur de l'organisation.
Il y a longtemps que je suis à l'eau, coca, soupe, parfois un morceau de banane, fruits secs et pâte d'amande.
16 minutes au lieu des 20 prévues. Je redémarre avec 3' d'avance sur mon timing. Je suis 30ème car il y a eu 3 abandons dont Nicolas Darmaillacq et Vincent Delebarre. TOP 30. Maintenant il faut tenir.

J'ai traversé pour arriver à 2 bras 4 ou 5 fois la rivière. J'ai fait des numéros d'équilibriste pour ne pas mouiller mes pieds à 3 Roches. Je me suis même fait filmé par un cameraman qui n'attendait que ça... Et je mets mes 2 pieds dans une flaque dans la montée de Dos d'Âne ! Mes chaussettes propres trempées ainsi que mes pompes. Pourvu que je n'ai pas d'ampoules.

Autant je ne crains pas le Cap Anglais, autant j'appréhende cette montée. Il n'y a pas d'appuis, elle est glissante, irrégulière. Mon enfer à chaque fois. La lune s'est levé mais je suis sous son ombre et ne peux pas profiter de sa clarté.
Je me suis programmé 1h30 depuis 2 bras jusqu'à la piste de parapente. Je ne suis pas trop dans le coup. Je n'arrive pas à relancer. Tant pis si je déborde un peu mais il faut continuer à avancer. Je téléphone à Philippe pour savoir qui est devant moi et qui est derrière. Eddy Myrtal a pointé 15 ' derrière à 2 Bras et Marcelle Puy, Yoland Maillot sont 10' devant. Ensuite derrière c'est loin, à 35'.
Ne nous affolons pas.
J'arrive au bout du sentier. Retour à la civilisation. Des dizaines de personnes. Ils sont déçus car ils pensent que c'est Eddy. Je me fraye un passage et demande par où il faut passer. Y'en a un qui me dit de monter à l'église. Sympa. "moi le pas zorey". Je pense que Eddy est maintenant à 5'. On me dit que Marcelle vient de passer'. Elle a visiblement baissé son rythme.
Pas de pointage. Juste un petit ravitaillement.
Je me débarrasse de mon T-Shirt technique car la douleur dans mon dos devient de plus en plus dure à supporter et enfile le débardeur. J'ai mis 6' de plus que prévu mais j'y suis venu à bout sans dégâts.

Je rentre alors dans la partie que je connais le moins. Je ne l'ai pas reconnue comme il faut car ne l'ai pas faîte en conditions GRR et de nuit. Je ne suis pas sûr du tout de mes temps de passage.
J'aborde la descente pénible et inintéressante sur la route. Le petit coup de cul avec la remontée dans la ravine me tue. Mes jambes, notamment mes cuisses sont douloureuses. Je suis en train de me déshydrater.
Je m'en aperçois et bois, bois...
Ça me paraît long. Quand j'arrive dans la descente, je ne peux courir, tout juste trottiner. Vraiment je n'aime pas ce sentier et ne ferais jamais la Kalla !
J'ai l'impression que je fatigue, ma vue baisse. Je recommence à nouveau à me projeter à la Redoute. Me dire que je vais perdre mon TOP30. Je jette parfois un coup d'œil derrière pour apercevoir une frontale.

Enfin le lotissement de la Possession. On m'applaudit et m'encourage, me guide vers le passage aménagé pour éviter le centre ville. J'entends également des applaudissements derrière moi. Eddy ?
La frontale se rapproche et me motive à recourir. J'arrive bientôt au stade. Des clameurs s'élèvent. Marcelle est juste devant moi. Finalement je ne suis pas si mal que ça !
Lorsque j'arrive au stade, Marcelle est déjà partie mais 3 coureurs sont encore au ravito. La frontale de derrière arrive également. C'est un métro. Il a du me reprendre 35' depuis 2 bras. Je suis cuits ! Il va me manger. Je n'ai plus de jambes... L'ambiance à la Possession me revigore un peu. Il commence à y avoir un doux parfum d'écurie.
Finalement j'aurai mis 2h16 au lie des 2h30 prévues.

Les 3 coureurs repartent en courant sur la route. J'essaye de les suivre mais ne parviens pas à garder leur rythme. Le gars derrière moi ne me semble finalement pas si frais et marque le coup.
Dans la montée du chemin des Anglais mes cuisses douloureuses semblent avoir un peu de jus et je reviens sur les 3 gars qui ont rattrapé Marcelle. Je l'encourage, la félicite et double ces 4 personnes d'un coup (29, 28, 27, je suis 26 !?). J'aborde une partie descendante, rattrape un autre gars et comprends enfin la raison de ma fatigue. Ce n'est pas moi ni mes yeux mais ma frontale qui faiblit. Celle de la taille donne encore bien mais celle de la tête est out. Dans une montée je change mes piles. Le gars que je viens de doubler m'a recollé. Je rallume ma frontale et pars comme une fusée dans la descente. Il n'a rien du comprendre ! Je dépasse son camarade (il croit que c'est lui) dans la descente finale vers Grande Chaloupe.
24ème. Je réalise que c'est le top 25, protégé pendant 2 ans du tirage au sort, première page des résultats et une récompense ! IL FAUT TENIR.

Je calcule : il faut que je monte à fond vers St Bernard car piètre descendeur et des cuisses douloureuses; je peux perdre facilement 15' après le Colorado.
Je marche donc toute la montée le plus rapidement. C'est long. Je n'apprécie pas du tout ce passage, seul dans la nuit au milieu des maisons. Vivement le sentier goyaviers.
La première partie me semble beaucoup plus longue que le km réel. Après la bifurcation, je me dis que le plus gros est fait et que je vais pouvoir rouler jusqu'à la fin.
Peu avant d'arriver à la boule, une frontale apparaît derrière moi. Une 2ème. 25, 26, aïe !
Je me fais doubler par le 1er avant le ravito. On pointe tous les 3. Je jauge mes adversaires : un métro : ca devrait aller, le 2nd semble souffrir dans les descentes. Il faut que je m'en fasse un des 2 impérativement.
Tant pis pour les cuisses. On va donner tout ce qu'il reste.
Le métro part. Je remplis ma gourde à moitié et le talonne. Dans le passage raide où on peut prendre dorénavant les raccourcis, je suis complètement revenu à son contact et lui mets la pression. Il cède et s'écarte en me disant qu'il n'est pas bon descendeur. Je ne me fais pas prier et file vite avant qu'il ne s'aperçoive que moi non plus. J'ai l'avantage du terrain. Je récupère ma 24ème place. Ouf. Il faut maintenant assurer ses appuis, ne pas se planter.
Le jour commence à poindre. il est bientôt 5h30. Mon fils de 7 ans m'attend sous le pont avec ma femme. Il commence à descendre avec moi. Je lui dis de courir car il y a 2 gars derrière moi. J'espère pouvoir arriver avec lui mais j'ai le souvenir du 200m de folie au sprint l'an dernier :
un gars a voulu me passer dans le stade. Notre course à tous les 2 avait failli s'arrêter là parce que je n'avais pas voulu céder ma 45ème place !
Mon fils est en savates et manque de me faire tomber en courant dans mes pieds. Je lui dis de rejoindre sa mère et accélère. Je me fais quand même une arrivée au sprint tout seul. Le gars derrière pointera à 1'.

31'29"07 soit 53" d'avance sur mes prévisions ! Pointage, médaille, sac du quotidien et je m'écroule. mes camarades me donnent une bière. Que c'est bon d'être là. Ce sera encore mieux à la maison. Dormir... vide... mais quel bonheur ! La satisfaction du devoir accompli.
Marcelle arrive 30' plus tard mais je ne peux pas me lever pour l'accueillir. Pour être sur la photo. Chapeau à elle. Un tout petit bout de femme comme elle.

Ce grand Raid est décidément magique.
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