pierre a écrit :Marc, je suis franchement déçu de ta réaction...
Pierre
C'était la réponse du berger à la bergère... moi aussi je l'étais !
Je vais essayer d’être compréhensible.
1) le fait de parler (oublions les 10%, qui étaient en effet ridicules, mais dans un sens comme dans l’autre)
Je m’appuie dans mon raisonnement sur les travaux de philosophes contemporains qui ont redécouvert la théorie des vertus d’Aristote, qui était lui même un grand sportif, et un des plus grands philosophes de l’antiquité grecque. Aujourd’hui tout le monde est paumé et le sport cherche à être un monde protégé où la tricherie et le mensonge n’auraient pas droit de cité, où tout concourrait à l’éducation des jeunes etc. C'est en partie une illusion.
Car les divers sports sont formés de groupes humains qui ont leur histoire et qui ont ainsi développé des « vertus » qui leur sont propres. Dans certains groupes ces vertus sont l’honnêteté, le sens de la vérité, le goût de l’accomplissement personnel sans autre aide que ses propres capacités et les conseils d’un entraîneur. Dans d’autres c’est tout autre chose, et c’est comme dans la mafia, les vertus sont d’être le plus rusé, d’être capable de « tuer », de mentir… à condition de se plier à la loi du groupe, d’être au service du leader, de fermer sa gueule, de ne jamais se désolidariser, et ce qui pour nous est un vice est pour eux une vertu. Nous vivons dans des mondes qui sont devenus étrangers, et qui n’ont plus le même code moral. Je ne cite aucun sport pour éviter une nouvelle polémique. Il n'y a pas Le sport, mais des sports.
Il y a des sports où le dopage n’est même pas perçu comme une faute. C’est une habitude du milieu, une vertu. Et reconnaître pour les participants de ce sport qu’ils se dopent, c’est trahir le milieu qui les nourrit, leur donne une existence temporaire, un peu de vaine gloire… Parler c’est s’exclure de tout ce qui fait l’existence de ces sportifs. Ils n’avouent jamais. Et comme il y a derrière eux beaucoup d’argent, les spécialiste de la loi qui les défendent trouvent souvent des moyens de faire casser les décisions des fédérations, qui n’ont pas les moyens d’aller en justice et de risquer de payer les frais de la procédure. Ce qui les encourage à nier sans vergogne. Combien nous disent en Commsion Disciplinaire. "Ah ben je comprends pas..." Pas de pitié dans ces cas là. Pas d'empathie.
Or on commence à voir dans le triathlon des gens qui agissent ainsi et à qui on fournit avec les produits les adresses d’avocats spécialisés qui en cas de pépin trouvent la faille qui permet de casser une décision fédérale. C’est très grave car ça veut dire qu’alors que nos « vertus » qui nous mettaient à l’abris de ce genre de choses sont parfois dépassées, que la contagion gagne. Ceux qui parlent ne sont pas dans cette logique du juridique à tout prix, du groupe mafieux. Ils ne sont plus des sportifs qui éventuellement me feraient rêver (j'ai dit plus haut que c'est pas mon trip mais soit) mais ils sont récupérables .
C’est pour cela que je considère que, même si c’est pour dire des conneries et pour donner des excuses à deux balles, il est bon que BMM ait parlé en public avec sa fédé. Et pour une excuse à deux balles on peut donner un susucre en remerciement. Pas plus. Car le pire aurait été qu'elle cherche à faire défendre sa position "je me suis soignée". Si ça se trouve un tribunal lui aurait donné raison. C'est déjà arrivé.
2) le problème des sanctions. Là je serai plus polémique. Interdire à vie dès la première faute ?
A part dans les pays non démocratiques on ne condamne jamais les gens d’emblée au maximum de la peine… Et le peine de mort aux USA est un bon exemple de sanction définitive et qui se révèle injuste dans de nombreux cas. De plus elle est inefficace. C’est au XVIIIeme siècle qu’en France un juriste a défini le « pénalisme » sur des notions de progressivité des peines, de sanctions plus graves en cas de récidive, de la nécessité d’une justice éducative. Malheureusement quelques années plus tard on a prononcé des sanctions exemplaires sur des centaines d’innocents qui ont payé de leur vie le simple fait d'être né dans telle ou telle famille ou de ne pas être du bon parti politique. Pour eux pas d’appel, pas de cassation, aucune garantie : la mort. Et cela continue dans de nombreux pays.
Quand j’ai commencé mes fonctions à la commission de la fédé, je pensais que nous étions une justice à part, que nous n’avions pas à suivre tous les méandres de la procédure etc… Je suis revenu sur cette idée, et je suis contre l’idée des tribunaux d’exception. Il faut des droits pour les accusés.
Si le sport a quelque chose à apporter à la société ce n’est pas en se comportant comme une secte qui aurait ses propres juges infaillibles, sans régulation.
Donc là dessus je ne lâcherai jamais le morceau.
Ouf. Un peu long donc pas clair… tant pis j’envoie.
MaRcO