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Les 10 erreurs les plus commises
par Rodolphe Debureau

Article paru dans Triathlète magazine Numéro 203 - Mars 2004
édité pour onlinetri.com

1 - ONT UNE MAUVAISE CONNAISSANCE DES EXIGENCES DE LEUR DISCIPLINE

Beaucoup semblent ignorer les exigences de leur discipline préférée.
Avant de planifier un entraînement cohérent, il faudra prendre en compte toutes les spécificités imposées par la compétition.
Il faudra donc s'attarder sur les exigences techniques, biomécaniques, énergétiques, ..., du triathlon.
Que me demande t'on exactement lors de la compétition ?
Sans vouloir refaire le monde, analysons ensemble un triathlon Courte Distance.

  • Nage en milieu ouvert avec d'autres concurrents, sans échauffement serieux dans l'eau, même à sec d'ailleurs pour certains, avec ou sans combinaison, avec un départ canon, et une bonne charge lactique dès la prèmiere minute d'effort. S'en suit un parcours natation avec de nombreux changements d'allures (prise des pieds de nageurs plus rapides, passage de bouées, courant et changements de trajectoires, ...).
  • Sortie de l'eau avec course à pied jusqu'à l'emplacement du vélo, plus ou moins longue - presque 400m parfois.
  • Circuit cycliste plus ou moins valonné et venteux, avec présence d'autres concurrents - impact sur l'aérodynamisme, les trajectoires et les changements d'allures - moment opportun pour se ravitailler.
  • Course à pied, dans un état de fatigue avancée, deshydraté, ou l'on est plus proche physiologiquement du (semi)marathonien, que du coureur de 10km sur piste (technique, relâchement, attaque de pied, amplitude gestuelle différentes, et donc vitesse de déplacement également différente).
L'on doit se préparer à maintenir le plus haut niveau d'effort, plus ou moins régulièrement, sur au moins 2h00 d'effort, on l'oublie trop souvent. Yan Thorpe est rapide, Mario Cipolinni est rapide, Maurice Green également, un triathlète même de très haut niveau, n'est pas rapide, il est endurant, c'est une notion toute différente.

Ce sont les exigences de la compétitions qui doivent donner les grandes directions de l'entraînement et non pas l'inverse.
Combien d'entre vous optimisent réellement leur preparation et s'entrainent spécifiquement ?
Qui nagent avec sa combinaison sur certaines séries à la piscine ?
Qui commencent parfois ses séances dans l'eau par des 50m très soutenu ?
Qui s'entraînent à maintenir une position aérodynamique pendant 1h00 ?
Qui connait sa fréquence gestuelle optimale en natation, en cyclisme et en course a pied ?
Qui enchaîne de la course a pied au moins 20 fois dans l'année après une dure ou longue séance de vélo ?
... ?

2 - NE TRAVAILLENT PAS ASSEZ LEUR POINT FAIBLE
Les triathlètes semblent souvent vouloir toujours ignorer leur faiblesse.
C'est bien souvent dans le sport qu'il préfère le moins où ils sont les moins enclins à s'entraîner. Ils pensent que les deux autres sports viendront compenser cette lacune.
Il y a 20 ans, un triathlète de bon niveau pouvait se permettre d'avoir un point faible. Aujourd'hui, pour être compétitif, il faut être polyvalent dans les 3 disciplines. Le triathlète raisonne souvent en perte de temps ou de places perdues dans la disciplines où il est le moins à l'aise, mais il sous-estime la débauche d'énergie requise quand on n'est pas spécialiste, surtout lors que les distances augmentent (triathlon LD et IM). L'intersaison est un bon moment pour s'attarder sur son point faible, mais des microcycles spécifiques peuvent être insérer tout au long de la saison. Certains triathlètes élites présentant un problème en natation, nagent jusqu'a 70km par semaine, pendant certains cycles de travail, uniquement pour combler cette lacune. Ainsi un triathlète s'entraînant 9 fois par semaine (3 séances par sport) et présentant un point faible en natation pourra ainsi nager 5/6 fois par semaine, courir deux fois et rouler une fois avec des intensités de travail faible pour les sports terrestres afin de permettre un réel investissement dans l'eau. En devenant plus compétitif dans votre sport ''faible'', vous l'apprécierez d'autant mieux, et éprouver ainsi plus de plaisir à le pratiquer.
Le cas sera similaire pour un triathlète présentant un problème en vélo ou en course à pied, c'est pour cela que chaque planification doit être individualisée. C'est un peu le problème des clubs qui doivent résoudre un dilemne. Mixer au mieux individualisation et convivialité.

3 - PLANIFICATION INEXISTANTE
Essentiellement chez les jeunes, souvent trop pressés de bruler les étapes, au premier rang dans les catégories cadettes et juniores, et qui sombrent ensuite dans les profondeurs des classements une fois passés séniores. Travaillez dès le début avec un coach compétent afin qu'une technique efficace se mette de suite en place. Demander aux plus anciens, comme il est difficile par la suite de se débarasser de mauvais schémas moteurs acquis par une accumulation de kilomètres, avec une technique inefficiente. C'est avec elle seule que vous pourrez optimiser, par de longues années d'entrainement, la capacité aérobie.
De même chez les débutants qui passent souvent en quelques semaines d'une activité sedéntaire [1-2 séance(s) par semaine] à un entrainement beaucoup plus rigoureux. C'est vrai que cela est grisant, car au départ les progrès sont très rapides, et l'on a envie d'en rajouter un peu plus, mais souvent les systèmes musculaires et ostéo-cartilagineux ne l'entendent pas de cette oreille là, et c'est l'inflammation ou la blessure qui surgit.
De même, beaucoup de triathlètes n'ont pas une réelle ligne de conduite en matière d'entraînement. Ils vont chercher des infos à droite et à gauche, et en arrivent à être perplexe devant la somme d'informations et la confusion induite. Ils ne savent plus trop quoi penser et surtout quoi faire. Il faut avoir confiance dans le travail effectué et bien vous dire que les adaptations specifiques ne se font pas du jour au lendemain. D'autres accumulent bêtement les kilometres (attention, je n'ai pas dis que le travail foncier était inutile, loin de là), et 6 semaines avec les premières compétitions remettent le guidon aérodynamique, se mettent à enchaîner et vont faire des séries de barbares sur la piste, ou alors ont un entraîneur différent pour chaque discipline, qui ne se concerte nullement entre eux, chacun faisant son programme dans son coin, et le triathlètes se plaint d'avoir 3 séances qualitatives dans la même journée.

4 - MANQUE DE VARIETE DANS L'ENTRAINEMENT
Il faut se dire une chose : Le surentraînement est 99 fois sur 100 d'ordre mental. Toujours les mêmes circuits , les mêmes partenaires, les mêmes séances d'entraînement peuvent venir à bout des esprits, même des plus motivés au départ. Il y a déjà tellement de choses fastidieuses dans la vie, pour ne pas retrouver ces mêmes contraintes dans l'entraînement. Certes des séries/séances récurrentes mettent en confiance et rassurent, mais il y a d'autres séries intéressantes que les sempiternelles 15x100m pull-paddls d:1'30 en natation et les 10x400m r=200m trot en course à pied. C'est vrai que nous, triathlètes, sommes moins sujet à la monotonie, qu'un autre sportif, de part la pluridisciplinalité de notre sport, il n'empêche. Toute situation trop ennuyeuse doit être exclue. De plus, rigueur et bon esprit ne sont pas forcément antinomiques pendant l'entraînement, il ne s'agit pas d'y aller à reculons.

5 - NEGLIGENT LA RECUPERATION
La préparation de la prochaine séance commence dès la récupération active de la séance précèdente. Le retour au calme commence dès la derniere série effectuée. Il faut essayer de ramener au plus vite tous les paramètres physiologiques à leur niveau initial (lactatémie, ventilation, fréquence cardiaque,...). C'est une portion souvent négligée de la séance, par manque de temps, par fainéantise, ou autre. Beaucoup s'échauffent par exemple dans l'eau 1000m à 1500m avant d'entammer leurs series, pour finir uniquement par 100 ou 200m souple (soit environ 1'30'' a 4 minutes d'effort), trop peu ! Pour s'entrainer plus, il faut récupérer plus vite, c'est aussi simple que cela. Ne pas négligez non plus tous les autres moyens de récupération (sommeil, alimentation, hydratation, massage, sauna, stretching, électrostimulation, séance courte et peu intense, ...)

6 - VEULENT COPIER L'ENTRAINEMENT DES PROS
C'est vrai que cela est toujours intéressant de voir ce que font nos élites, je vous l'accorde. Mais première remarque, imaginer que ''Triathlete Magazine'' vous appelle au téléphone demain matin, pour vous demander votre semaine type d'entraînement, qu'allez vous dire ? Donner une semaine de reprise ou celle où vous avez realisé vos plus haut volumes. Ceci pour dire que l'entraînement que l'on peut lire est bien souvent (pas toujours heureusement) enjolivé. Même si les principes d'entrainement (spécificité, individualisation, alternance cyclique, porgressivité, ...) doivent rester les mêmes entre les professionnels (ou semi professionnels) et amateurs (seuls les volumes changent), les contraintes externes sont totalement différentes. Tout le monde ne s'entraînent pas à Lanzarote, Boulder ou sur la Gold Coast, avec des méteos clémentes et des partenaires d'entraînement de qualité, où le seul soucis du jour est de mener à bien l'entraînement prévu. L'amateur, que vous êtes pour la plupart d'entre vous, articule son entraînement autour des ses contraintes personnelles (travail, déplacement, famille, ...) et non pas l'inverse. De plus, ces hauts volumes ne sont réalisés qu'après des années de pratique. Tim DeBoom, double vainqueur de l'Ironman d'Hawaii avouait récemment qu'il lui avait fallu des années d'entraînement juste pour que son organisme soit en mesure de supporter et d'assimiler les charges de travail nécessaires pour gagner Hawaii.

7 - ONT PEUR DES TESTS
Les tests ne doivent être pas pris comme une contrainte extérieure, bien au contraire. C'est la meilleure façon de voir si l'entraînement est bien construit. Soit l'on progresse (l'objectif de la plupart d'entre vous), soit l'on perd son temps à s'entraîner, même s'il est vrai que des phases de plateau, voire de légère régression peuvent se produire. Même si le test ultime restera la compétition, il sera bon, à interval régulier, de se tester sur des tests pertinents et si possibles similaires dans leur protocole.

8 - MISENT TROP SUR LES ACCESSOIRES ET SUR LE MATERIEL
Pour gagner du temps. Mais ce n'est que la partie visible de l'iceberg. Seul un entraînement de qualité vous amènera au summum de vos capacités et vous rendra plus rapide, et non pas le dernier accessoire en vogue. Il n'y a pas de substitue, même s'il est vrai qu'avoir le matériel dernier cri ajoute une certaine source de motivation pour beaucoup.

9 - SUR OU SOUS ESTIMATION
La plupart des triathletes que je rencontre (se) surestiment, sur :
  • leur niveau
  • leurs allures de travail
  • le temps qu'ils peuvent consacrer à l'entraînement.
En revanche, ils sous estiment trop souvent le temps qu'il faut pour s'améliorer, l'investissement physique, mental et financier que représente l'entraînement et la compétition en triathlon, l'énergie que leur pompent leur contraintes personnelles.

10 - SE PRENNENT TROP AU SERIEUX (?)
A méditer...

Bon entraînement à tous
rodolphe@onlinetri.com

 




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