Il était une fois : la mort du sport associatif et fédéral.

Bonne humeur de rigueur, pour les sujets ne concernant pas le monde sportif merci de poster dans "...et plus si affinité".
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MarcoTri
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Il était une fois : la mort du sport associatif et fédéral.

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Il était une fois

Du hall de la Gare Saint Lazare à Athènes.

Il était une fois un groupe de collégiens parisiens passionnés de sport. Ils s’entraînaient parfois dans le hall de la gare Saint Lazare, et cherchaient un endroit plus favorable. Il s’associèrent en 1882. Ils prirent le nom de Racing Club de France. On leur attribua une clairière du Bois de Boulogne, le Pré Catelan. Il y construisirent une cabane et c’est ainsi que commença une des plus grandes aventures sportives du XX siècle. En 1896, ils formaient la majorité de la délégation française aux premiers Jeux Olympiques modernes à Athènes. Et en 1900 ils organisèrent des Jeux Olympiques sur le terrain de La Croix Catelan. Dès que possible, en 1901 Il déposèrent les statuts de leur association. Leur secrétaire général, Georges de Saint Clair, fut avec Coubertin et Henri Didon, l’un des théoriciens de l’organisation du sport en France. En 1924, comme on n’avait pas de stade pour les Jeux Olympiques de Paris, le club qu’ils avaient fondé en construisit un à Colombes. Quelques années plus tard, le club comptait 96 médaillés olympiques, 53 titres de Champion du Monde, plus de mille titre de Champion de France.

La conception du sport à laquelle ils souscrivaient et qu’ils ont fait vivre s’est imposée comme modèle à la France entière.
Ce modèle qu’ils ont contribué à imposer était fait d’associations sportives, regroupées en fédérations nationales, les fédérations se faisant représenter dans un Comité Olympique National, qui était lui-même représentant de la France au Comité International Olympique. Les clubs et les fédérations se sont donc partagé les rôles. Aux clubs les athlètes, la formation de terrain, la vie sociale, dans leur ville ou leur région, à charge pour eux de trouver des financements (par leurs cotisations, ou par des mécènes ou des partenaires industriel et plus souvent des collectivités territoriales) ; aux fédérations l’encadrement national, les équipes de France, la réglementation, la formation des entraîneurs, financés et contrôlés par des subventions de l’état.

Mais rien n’est stable, rien n’est définitif, tout évolue. Progressivement se sont affrontés dans le monde deux modèles : celui du sport d’état, dans les pays « communistes », et celui de la pratique individuelle et libérale, dans les pays sous influence des États Unis. Et entre les deux une exception culturelle, le modèle français, réunissant d’heureuse manière le monde associatif et l’intervention de l’état. Le monde change et la chute du mur et la mondialisation ont mis tout le monde sous l’influence du modèle américain.

Aujourd’hui en France deux modèles s’affrontent, celui des pratiquants, modèle fédéral et associatif à la française, et celui de la vedette et du spectateur, éventuellement sans pratiquants, dérivé du modèle anglo-saxon. On peut sans exagérer dire qu’en France on pratique, et aux États Unis on regarde. Le monde des Français sportifs et affûtés, et le monde des Américains spectateurs obèses, à part les riches qui peuvent payer. Car cela n’est pas sans poser de redoutables problèmes, des problèmes économiques bien sûr.

Le Racing Club de France vit une crise exemplaire, qui préfigure peut-être la fin du modèle sportif français.

Aujourd’hui en France, les licenciés des fédérations sont payés pour pratiquer le sport qu’ils aiment. Quand vous vous inscrivez dans un club, il porte en général le nom de votre ville. Et la ville vous paye pour que vous pratiquiez le sport que vous faites. Souvent 10 fois le prix de votre cotisation. La ville paye votre entraîneur car vos cotisations n’y suffiraient pas, paye aussi le stade, la piscine, ce qui représente souvent des sommes énormes. Au RCF, c’est la même chose, sauf ce sont les membres de La Croix Catelan qui, par les bénéfices que dégagent leurs cotisations, payent les licenciés de sections sportives.

Or il se passe ceci de nouveau : les collectivités territoriales se retirent partout du sport. Le poste budgétaire du sport est réduit dès qu’il faut faire face aux dépenses considérables entraînées par la décentralisation… ou parfois par l’incurie des élus…

Le RCF a toujours été novateur. Il a été le premier club à avoir ses propres installations, le premier club à payer des entraîneurs (souvenez vous du film « Les chariots de feu », cela ne se faisait pas du tout en 1924 !), le premier à payer les sportifs, le premier à frôler la faillite à cause de cela et à cesser (temporairement ?) de payer le haut niveau. Sera t’il le premier à inaugurer la mort du système sportif associatif et fédéral à la française ?

Comment cela peut-il arriver ?

La Mairie de Paris envisage de retirer à l’association à but non lucratif Racing club de France la concession de La Croix Catelan, où la modeste cabane des débuts à laissé place à 40 courts de tennis, deux piscines dont une olympique, et des installations luxueuses. Les cotisations et droits d’entrée de ses 12 000 membres (sur les 20 000 de l’association), génèrent 7 millions d’Euros de bénéfices, reversés aux sections sportives qui payent des entraîneurs et forment 3500 enfants et autant de jeunes adultes. Les sections les plus dynamiques entretiennent des équipes de haut niveau, voire de très haut niveau. Sans cette manne, tout cela disparaîtrait. Des années de travail de fond, de vrai sport, de vie sociale, peuvent cesser d’exister du jour au lendemain.

La mairie prévoit, selon un projet préparé depuis de longs mois, de donner la jouissance de ce site qui vaut 40 millions d’Euros, à une entreprise privée dont le projet, tout à fait utile et louable en lui même, est d’intégrer tous les éléments du sport, de la vedette aux médias, en passant par l’encadrement, dans une entreprise sportive à but lucratif. Le moyens mis en œuvre sont énormes, et dans au moins deux sports où les sportifs de très haut niveau ont rompu tout lien avec les fédérations, le tennis et l’athlétisme, il est assez naturel. Cette entreprise vise à faire du profit, ce qui est normal. Elle n’a donc aucune raison de subventionner le sport amateur et la formation des jeunes. Cela coûte de l’argent et n’en rapporte pas. Elle ne maintiendra pas les activités du sport associatif et fédéral au delà d’une vague promesse initiale qu’elle ne pourra pas tenir (la bourse réagit négativement au projet sportif du Groupe Lagardère !).

Que faire ?

Il faut conserver la répartition des rôles entre au moins trois interlocuteurs. Il faut garder la séparation entre clubs associatifs, fédérations, et sponsors, mais aussi avec les médias. D’autant plus que sponsors et médias peuvent être confondus comme dans le cas qui nous intéresse, celui du Groupe Lagardère. Si cette structure associative et indépendante n’est pas maintenue en parallèle (c'est à dire séparément!) aux activité de telles sociétés, il y aura forcément des conflits d’intérêt et de lourdes menaces sur l’éthique sportive.

Il faut donner au Groupe Lagardère l’espace dont il a besoin pour réussir, et Paris ne manque pas de lieux possibles pour cela. Mais il faut aussi laisser vivre le Racing Club de France, qui seul peut aujourd’hui réussir cette performance de regrouper dans une même association le sport de Haut Niveau (il en a à nouveau les moyens financiers, et a les infrastructures et les compétences pour le faire), la formation des plus jeunes, et le sport fédéral et associatif, un des rares lieux de convivialité de cette société éclatée. Et ceci sans aucune subvention publique.

Marc Fortier-Beaulieu, président de la Section Triathlon du Racing Club de France.
HE
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malheureusement je pense que ce n'est que le début de la fin du sport associatif. :cry:
vivement la retraite que je puisse m'entraîner!
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MarcoTri
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On peut aussi se battre ! L'enjeu en vaut la peine, je pense.

MaRcO
pgb51
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Marco, tu sais que je suis entièrement d'accord avec toi sur l'imprtance du milieu associatif.

Je crois qu'il est cependant important de préciser dans tes propos que le Racing CF, ce n'est pas que des gens riches qui paient cher leur inscription à la Croix Catelan, lieu ô combien select et où les gens sont triés sur le volet (d'ailleurs, quand j'y vais, j'ai toujours l'impression de faire un peu tâche...).

C'est grâce à l'argent de ces messieurs et mesdames que les sections sportives du Racing CF peuvent accueillir des gamins de tous les horizons (bon ok, tous ne vont pas à la Croix Catelan...) avec un réel rôle social. Je ne parle pas du triathlon qui restera toujours un sport de CSP+, mais par exemple de l'athlétisme dont le rôle auprès des gosses de Colombes est exemplaire.
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Président Muret-Tri
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...juste avant d'aller dormir. :cry:
Je me rappelle d'une phrase d'un élu de notre mairie: "...seules les associations qui seront économiquement autonomes s'en sortiront..." .
On y arrive à grands pas .
Bon j'y vais. :sm5:
Chaud, mais pas fatigué
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MarcoTri
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pgb51 a écrit :Marco, tu sais que je suis entièrement d'accord avec toi sur l'imprtance du milieu associatif.

Je crois qu'il est cependant important de préciser dans tes propos que le Racing CF, ce n'est pas que des gens riches qui paient cher leur inscription à la Croix Catelan, lieu ô combien select et où les gens sont triés sur le volet (d'ailleurs, quand j'y vais, j'ai toujours l'impression de faire un peu tâche...).

C'est grâce à l'argent de ces messieurs et mesdames que les sections sportives du Racing CF peuvent accueillir des gamins de tous les horizons (bon ok, tous ne vont pas à la Croix Catelan...) avec un réel rôle social. Je ne parle pas du triathlon qui restera toujours un sport de CSP+, mais par exemple de l'athlétisme dont le rôle auprès des gosses de Colombes est exemplaire.
C'est vrai mais on pourrait écrire un livre sur le Racing n'est ce pas :wink:

Un tiers seulement des jeunes des écoles de sport du RCF ont leur parent au club. A Colombes et Bois Colombes, grâce à l'encadrement mais aussi à l'avenir professionnel qu'offrent non seulement l'athlé mais surtout le foot, qui a une grande école de formation, il y a du "lien social" fort autours du RCF. Le jeune médecin avec qui je bosse à l'hôpital et sa fille nagent à Colombes avec le RCF où ils habitent et le dimanche vont soutenir leur équipe de foot ou de Rugby. c'est de la vraie mixité sociale. Et (pas que grâce au RCF, mais en partie sûrement grâce aux efforts des éducateurs qui s'occupent des jeunes toute la semaine), pas une seule voiture n'a brûlé à Colombes et Bois Colombes l'an passé...

MaRcO
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Caillette
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Salut Marco !

Ton post m’a passionné!!!
Peut être vais-je m’éloigner de ton idée initiale, mais voilà ce que ton message m’a inspiré…

Connaissant un peu la particularité du RCF, je pense que les problèmes rencontrés par cette véritable industrie du sport (en terme d’échelle bien sûr :wink: ), ne se posent pas pour la plupart des associations sportives, mêmes celles gérants le très haut niveau. En effet, peu d’entres elles possèdent leurs propres infrastructures sportives et la remise en cause d’une concession pour le RCF ressemble plus à un problème juridique (qu’est-ce qui appartient à qui, depuis et jusqu’à quand ?) qu’à un réel débat sur la place des associations dans le sport.

Cependant, ton message soulève une réflexion intéressante: qu’elle est la place du haut niveau dans un club gérant des adhérents lambdas ? Plus clairement, comment financer une activité de haut niveau dans un club, qui n’a, jusqu’à lors, jamais connu que l’amateurisme ? Pour arriver donc à ma question : quelle est la place de l’activité associative dans le sport professionnel ?

C’est un peu se qui se passe dans mon club :roll: : accéder à la sacro-sainte D1 est projet que tout le monde ambitionne, mais que peut de gens veulent assumer financièrement. Augmenter les cotisations est la première arme dont disposent les associations ; mais elles se bornent vite à l’indigestion des adhérents amateurs qui ne profitent généralement pas, ou trop peu, des nouveaux moyens que les clubs pourraient bénéficiés. Egalement, suite au nouveau statut de l’AS, il y a les collectivités locales qui peuvent accorder des « rallonges », sortent de rémunération pour service rendu au département communication de la ville… Mais leurs fonds ne sont pas inépuisables, surtout lorsque l’on pratique une activité au rayonnement régionale…comme le triathlon. Il faut se rendre à l’évidence, on n’a pas la popularité du foot qui représente, par exemple, pour la ville de Lyon, le premier critère de reconnaissance pour les étrangers européens :shock: (devant des critères comme ville appartenant au patrimoine mondial de l’Unesco, ville antique et capitale des Gaulles, lieu de naissance des frères Lumières, la bouffe…) !!!!

Il reste alors un dernier moyen pour trouver le financement susceptible de réaliser les rêves de haut niveau : le sponsoring (ici je parle du gros !). Tout d’abord, il apparaît comme un moyen efficace de rassembler rapidement des sommes importantes et surtout, permet de diversifier ses sources de financement à défaut de trouver le « très gros poisson ». Mais ensuite, comment ne pas tomber dans l’activité mercantile ? Il semble que cela soit à ce genre problème qu’est confronté les associations d’aujourd’hui : le sport de haut niveau se professionnalise et en ce sens, il exige des moyens intellectuels et matériels important auxquels l’amateurisme peut difficilement répondre.

Cependant, il pourrait exister un moyen de garder l’esprit associatif dans le sport. Je vais prendre exemple sur un concepte unique en France:
En 87, un athlète valentinois a réclamé de l’aide pour pouvoir tout bêtement s’entraîner et se rendre sur les compétitions internationales en vu de la participation aux jeux de Séoul. Rapidement, quelques passionnés de sport ont créés une structure associative permettant de trouver des financeurs et des infrastructures, publiques ou privés, pour l’athlète (et donc pour son club indirectement). 2 médailles olympiques plus tard, l’association naît : elle aura pour vocation d’aider les sportifs de la ville à trouver des financeurs pour atteindre leurs objectifs et les accompagner dans l’apprentissage du haut niveau. Presque 20 ans plus tard, l’association rassemble une vingtaine de bénévoles qui chapotent l’ensemble des clubs de la ville pour accompagner quelques 25 athlètes de « haut niveau » qui bénéficient chacun d’une bourse et d’une reconnaissance locale (appuis des institutions locales, de la presse, des sponsors…). Cette association n’est ainsi pas peu fier de pouvoir garder les meilleurs sportifs de la ville quelques saisons de plus, avant de les laisser s’envoler vers le monde professionnel des clubs (ou entreprises…) plus huppés. Et c’est comme ça qu’un certain Olivier M. a appris à gérer une carrière !
C’est donc, peut être, par cette formule, que le sport associatif peut évoluer : vers l’accompagnement des sportifs amateurs vers le haut niveau. Les clubs associatifs auraient la charge de la formation des graines de champion ou tout simplement elle permettraient la pratique du sport à tout age, à niveau modeste.
Ensuite, place au professionnalisme pour les plus ambitieux, qui réclament d’authentiques investisseurs pour les soutenir…
:wink:
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luc mic
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Eh ben Cailette, M.Abattu va être content !!! :lol:

PS: On vous a quand même ben trouvé un joli paquet de €€€
cette année, méchant !
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rower
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La création d'une association vise à la réalisation de son objet. Toute association crée à un projet dont elle est maître et qu'elle entend développer. Ainsi, on se trouve face à une volonté collective qui est de la responsabilité de ses membres.
Accepter un accompagnement par les pouvoirs publics, c'est accépter de voir son projet associatif instrumentalisé. Le soutien des pouvoirs publics n'est pas automatique, obligatoire. Dans mon job, j'encourage les collectivités locales avec lesquelles je travaille à contractualiser avec les associations pour financer les actions où le projets associatifs rejoint les projet de la collectivité. Le fonctionnement associatif n'est absolument du ressort d'une collecitvité quelle qu'elle soit.
Non ce n'est pas la mort du mouvement associatif et l'essoufflement des bénévoles. C'est juste redonner ses droits au mouvement associatif. Pourquoi le mouvement associatif français est le mouvement les plus suventionné par les pouvoirs publics ? Comment font les asso dans les autres pays ?
Il s'agit peut être simplement de faire évoluer notre culture associative. Accepter de ne plus être subventionner par les pouvoirs publics (Etat, CR, CG, commune) à 80 %, c'est aussi reprendre la maîtrise de son projet. Effectivement, se créer les moyens de son fonctionnement c'est peut être moins facile qu'attendre une hypothétique subvention de fonctionnement. Mais c'est peut être aussi plus démocratique.
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MarcoTri
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Caillette a écrit :Cependant, il pourrait exister un moyen de garder l’esprit associatif dans le sport. Je vais prendre exemple sur un concepte unique en France:
En 87, un athlète valentinois a réclamé de l’aide pour pouvoir tout bêtement s’entraîner et se rendre sur les compétitions internationales en vu de la participation aux jeux de Séoul. Rapidement, quelques passionnés de sport ont créés une structure associative permettant de trouver des financeurs et des infrastructures, publiques ou privés, pour l’athlète (et donc pour son club indirectement). 2 médailles olympiques plus tard, l’association naît : elle aura pour vocation d’aider les sportifs de la ville à trouver des financeurs pour atteindre leurs objectifs et les accompagner dans l’apprentissage du haut niveau. Presque 20 ans plus tard, l’association rassemble une vingtaine de bénévoles qui chapotent l’ensemble des clubs de la ville pour accompagner quelques 25 athlètes de « haut niveau » qui bénéficient chacun d’une bourse et d’une reconnaissance locale (appuis des institutions locales, de la presse, des sponsors…). Cette association n’est ainsi pas peu fier de pouvoir garder les meilleurs sportifs de la ville quelques saisons de plus, avant de les laisser s’envoler vers le monde professionnel des clubs (ou entreprises…) plus huppés. Et c’est comme ça qu’un certain Olivier M. a appris à gérer une carrière !
C’est donc, peut être, par cette formule, que le sport associatif peut évoluer : vers l’accompagnement des sportifs amateurs vers le haut niveau. Les clubs associatifs auraient la charge de la formation des graines de champion ou tout simplement elle permettraient la pratique du sport à tout age, à niveau modeste.
Ensuite, place au professionnalisme pour les plus ambitieux, qui réclament d’authentiques investisseurs pour les soutenir…
:wink:
Tout à fait dans la même direction : en quelque sorte, c'est ce que nous allons faire en créant au sein du club omnisports un espace du haut niveau, dans lequel le RCF, des partenaires et les athlètes de niveau olympique se retrouveront.

Mais ce qui me préoccupe le plus c'est le sort des licenciés de la section et à travers eux et à travers l'exemplarité de notre situation, le sort des licenciés en général : qu'ils soient dans un club "à part" comme le notre ou dans un club classique, ils coutent de l'argent. Et sans les subventions des collectivités territoriales pour les clubs "normaux", ils ne pourront survivre, pas plus que les organisations de courses !

Le virage envisagé par la Mairie de Paris ne va pas du tout dans le sens d'un soutien au sport de masse, bien au contraire. C'est le sport spectacle, pratiqué par une minorité qui semble les attirer... Comme pour le Foot. Notre conseil juridique est Me Thiriez, président de la Ligue de Foot, et il est devenu notre plus actif défenseur car il a compris l'enjeu. C'est la pratique sportive de masse qui est en cause, pas l'élite. Dans certains sports, elle trouvera son compte dans le projet Lagardère, enfin un petit, très petit nombre d'entre eux...

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Boulegan
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Message non lu par Boulegan »

Très intéressante ton introduction Marco...
Qq'un a-t-il entendu parler de l'AGCS, autrement que sous le clavier de Boulegan, ici, sur Onlinetri ?
AGCS, ça signifie Accord Général sur le Commerce des Services, une directive Bolkenstein à l'échelle mondiale.
En gros, l'AGCS envisage à terme la privatisation de plus de 150 services publics, dont rien de moins que la santé, l'éducation, la culture, le sport, etc. Les grands génies de la finance à l'OMC travaillent sur cet accord, dans notre dos, les politiques de droite comme de gauche le savent, qui en parlent... Le CPE, à côté, c'est un grain dans les réserves de blé de la CEE. :roll:
Pourquoi privatiser les services ? Parce que ce sont des niches financières considérables.
Le danger ? Des services "publics" devenus privés à deux, voire trois vitesses, c'est-à-dire qu'il y aura d'un côté ceux qui auont les moyens de se soigner, de se cultiver et de faire du sport, et de l'autre, ceux qui regarderont... :roll:
Pourquoi croyez-vous que Lagardère (mon patron :oops: ) ait une soudaine envie de "mécéner "dans le sport ?
1. parce que la perte de l'organisation des JO à Paris 2012 est un manque à gagner considérable pour le groupe qui comptait profiter de l'occasion pour créer une espèce de franc-mac genre club des partenaires (à plusieurs, on peut gagner encore plus de fric), construire immeubles et apparts sur Paris et Grande Couronne (avec l'avail des autorités of course), à vendre si tôt les JO terminés. Ah, spéculation, quand tu nous tiens... :roll:
2. Parce que le sport, c'est comme tout, ça rapporte. Et ça peut rapporter beaucoup.

L'exemple de Marco est symptomatique de l'abandon de nos politiques dans les domaines essentiels de l'éducation et plus généralement tout ce qui touche à l'avenir, sous le couvert et le prétexte mensonger de la loi de Décentralisation. Mensongé parce que les fonds qui étaient jadis attribués directement de l'Etat vers les assoc, transitent désormais par les Régions, au centime près.
Une fois de plus, c'est dire combien les politiques détournent les problèmes et considèrent la jeunesse et les sports comme secondaire, loin derrière les carrierismes et la politique politicienne... :roll:
Et si on ne se bat pas pour défendre la survie financière des associations par les institutions (les impôts qu'on paye, ça sert à ça notamment), alors, le privé s'appropriera le sport, pour n'en faire qu'un gigantesque terrain de fric, ex. le football.
"Etre beau et bien habillé est indispensable. Avoir un but dans la vie ne l'est pas." Oscar Wilde
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Caillette
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Message non lu par Caillette »

luc TGVR a écrit :Eh ben Cailette, M.Abattu va être content !!! :lol:

PS: On vous a quand même ben trouvé un joli paquet de €€€
cette année, méchant !
hum? :?
Ce que je voulais dire, c'est que dans le cas de sports à faible appuis médiatique (comme le biathlon, la nage avec palme, course d'orientation ou le triahtlon), un athlète seul ne pourra jamais trouver les ressources financières suffisantes pour pratiquer son activité à très haut niveau.
Et à moins d'appartenir à un très grand club, une structure comme l'office des sports valentinois est obligatoire pour attirrer les sponsors... Avec 24 athlètes, dont une quinzaine de sélections en équipe de France et quelques titres, nous sommes bien plus séduisants que seuls!!! Et le boulot que fait l'asso est énorme!!!
Le plus interressant, c'est le fait que grace à une telle structure, les clubs représentés par les athlètes "sélectionnés" ont une charge financière en moins... permettant de réinvestir dans la masse de leurs licenciés. Car stages ou autres voyages au bout du monde peuvent être supportés par l'asso et non par le club!

Non mais!!! j'vous ai donné un joli p'tit paquet d'€€€ aussi en novembre pour rembourser les inscriptions!!!! :wink: :lol:
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MarcoTri
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UP !
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chick
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Boulegan a écrit : L'exemple de Marco est symptomatique de l'abandon de nos politiques dans les domaines essentiels de l'éducation et plus généralement tout ce qui touche à l'avenir, sous le couvert et le prétexte mensonger de la loi de Décentralisation. Mensongé parce que les fonds qui étaient jadis attribués directement de l'Etat vers les assoc, transitent désormais par les Régions, au centime près.
D'ac sur le fond de tes propos.

Mais juste une remarque à propos de la décentralisation.
Le sport est une compétence optionelle, c'est à dire que les collectivités développent comme elles l'entendent la pratique sportive. Ainsi il n'y a pas de transferts de compétences (et donc les ronds qui vont avec) comme dans d'autres domaines, notamment le social aux départements, etc...
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chick
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Re: Il était une fois : la mort du sport associatif et fédér

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MarcoTri a écrit :Il était une fois

La Mairie de Paris envisage de retirer à l’association à but non lucratif Racing club de France la concession de La Croix Catelan, où la modeste cabane des débuts à laissé place à 40 courts de tennis, deux piscines dont une olympique, et des installations luxueuses. Les cotisations et droits d’entrée de ses 12 000 membres (sur les 20 000 de l’association), génèrent 7 millions d’Euros de bénéfices, reversés aux sections sportives qui payent des entraîneurs et forment 3500 enfants et autant de jeunes adultes. Les sections les plus dynamiques entretiennent des équipes de haut niveau, voire de très haut niveau. Sans cette manne, tout cela disparaîtrait. Des années de travail de fond, de vrai sport, de vie sociale, peuvent cesser d’exister du jour au lendemain.

La mairie prévoit, selon un projet préparé depuis de longs mois, de donner la jouissance de ce site qui vaut 40 millions d’Euros, à une entreprise privée dont le projet, tout à fait utile et louable en lui même, est d’intégrer tous les éléments du sport, de la vedette aux médias, en passant par l’encadrement, dans une entreprise sportive à but lucratif.

Marc Fortier-Beaulieu, président de la Section Triathlon du Racing Club de France.
Se pose la question du rapport entre d'un côté le sport pour tous et d'un autre le sport pro.
En France, les sports pro sont gérés par des ligues pros.
Et les clubs ayant une activité professionelle doivent créer une société pour gérer ces activités. (à partir d'une certaine masse salariale)
Une convention précise les rapports entre l'association et la société créée.

Est-ce que ce type de convention liant sport amateur et sport pro pourrait représenter une solution dans le cas du RCF ?
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