Je me lance à coller ici ce que j'ai balançé sur mon Facebook.
Ce (trop long ? ) CR est destiné avant tout à des gens qui ne connaissent pas le tri de l'intérieur comme vous, ça peut faire un peu "scolaire" pour des triathlètes, mais j'ai souvent lu des CR comme cela avant de me lancer et cela me donnait souvent envie de franchir le pas... On ne sait jamais...
Et puis je suis encore sur mon petit nuage, alors j'avais envie de partager...
« I am a half IronMan ! », voilà en clair ce que je peux gueuler à tout tête aujourd’hui..
Alors oui je sais, dans cette phrase, il y a le mot « half » qui gêne un peu, mais c’est justement en finissant pour la première fois ce fameux half qu’on réalise pleinement que ceux qui peuvent gueuler la phrase sans ce petit diminutif méritent vraiment le respect, du premier au dernier…
J’ai commencé le triathlon par des formats découverte, début mai, 4 mois plus tard, 3XS 1S et 2 M, me voilà embarqué dans ce challenge perso, bien aidé par mon mentor qui m’a bien poussé au cul pour me lancer alors que je ne pensais faire une telle épreuve que l’année prochaine.
4 semaines de préparation, pas assez de vélo, pas assez de natation, pas assez de tout… Je suis un bébé triathlète et ben tant pis… L’objectif sera de finir, et de préférence avec la banane…
Direction Vichy donc, ce 31 aout, date à laquelle j’ai pensé de nombreuses fois auparavant en trouvant qu’elle se rapprochait bien trop vite… Arrivée la veille, sur place on se rend compte de l’énorme organisation du week-end… récup du dossard, organisation des transitions, village expo, quantité et super bénévoles, puis dépôt des vélos dans le parc… Et quel parc ! Chaque participant est accompagné par quelqu’un qui t’explique tout et à qui tu peux demander toutes les infos nécessaires, et quand je dépose mon vélo ( qui date de 1998, je le rappelle), j’ai l’impression d’être en 2CV dans un rassemblement de Ferrari ! Pouah pouah pouah y’a un matos de fou ! c’est magnifique…
L’après midi passe vite, entre le repérage des lieux, la prépa des affaires, les retrouvailles avec le responsable de ma présence ici, il me présente les membres de son club (l’ASFAS TRI), quelle équipe et quel esprit ! Ca rigole, ça bâche, ça chambre, ça fait des calculs savants à la seconde près… Un point commun : ils ont tous la banane… Ensuite hôtel, resto léger, et au dodo, demain on se lève tôt !.. La nuit est courte, c’est dur de dormir, je cogite, je pédale, je nage, je cours, ah oui ça je cours… ce qui me fait cogiter c’est ça : comment va se passer le semi-marathon après m’être tapé les 92 bornes de vélo ?... Et puis arrive l’heure de se lever, 5h30, petit déj de champion, gâteau sport, crème petit déjeuner et jus d’orange… Pose des N° en tatoo sur le bras et le mollet, et il faut y aller…
Ca fait drôle de rentrer dans le parc alors qu’il fait encore nuit…, les gars de l’ironman s’affairent, ils partent à 7h00.. Pour moi ce sera 8h10. Je remplis mes bidons de vélo, je me prépare 6 barres énergétiques sur le vélo, 2 gels de secours au cas ou… Puis vient le moment ou il faut se préparer à y aller, on dépose le dernier sac d’affaires d’après course, et on enfile la combarde… Je file faire un dernier gros bisous à ma chérie et à ma fille, purée que ça fait du bien… Les barres, les gels, les bananes, les boissons et tout le toutim, c’est de la merde ! , y’a rien qui te donne plus d’énergie que le réconfort des gens qui t’aiment…
La première vague vient de partir, et on nous libère… plouf, à l’eau ! Je m’échauffe tranquillou, re-règle mes lunettes qui fuient un peu et je me place pour le départ, qui a lieu dans l’eau.. Dernier cri de guerre commun avant de partir et bam, c’est parti !!
Je me suis placé dans le milieu, j’essaye de partir vite pour me dégager mais il me semble que beaucoup d’autres ont la même stratégie.. Ca se gêne beaucoup, et je vais doucement dériver le long de la ligne gauche, là ou il y a le plus de monde.. Ca va se frotter et tarter un peu quasi jusqu’au demi-tour, ou je choisis de rester encore à gauche, et là je commence à poser enfin ma nage, le retour sera un vrai bonheur, ça glisse, ça double, l’impression de vraiment nager… Forcement ça re-frotte un peu avant le goulet pour sortir de l’eau, j’ai bien révisé ma copie, je remets des jambes les 200 derniers mètres et j’attrape la rampe… 1900m, objectif de 38mn, et je fais 37’53’’, joli !
Le bon point, c’est que je ne suis pas du tout entamé, je cours récupérer mon sac T1 et je rentre dans la tente pour me changer… Je prends bien le temps de me noker les pieds, mettre des chaussettes, le dossard, on remballe le tout, on balance le sac à un bénévole en sortant de la tente et je file chercher mon futur compagnon pour les 92 kilomètres à venir… Transition en 4’47’’, mouais…
Je saute sur le vélo, le départ est sur un petit bout de route chaotique et j’ai du mal à enfiler mes chaussures… On choppe la « vraie » route et c’est parti ! On va être nombreux au départ, le temps que ça s’étire un peu, puis petit à petit chacun prend sa place et roule à son rythme… J’essaye de me modérer, à ne pas trop faire monter le cardio, et je m’alimente régulièrement… Je double plus que l’on me double, et on double beaucoup de concurrents de l’Ironman, qui eux ont déjà nagé 3800m et ont le double que nous à faire toute la journée…
Ca va souvent grimper un peu sur les premiers 20Km, mais vraiment rien qui ne fasse mal, juste penser à ne pas s’enflammer. Le passage des ravitos est un peu chaud, d’ailleurs au premier j’ai failli percuter un mec qui s’était arrêté et qui n’a pas trouver mieux que de redémarrer en coupant toute la route sans regarder, gros coup de chaud, coup de gueule et ça repart…
Passé à peu prêt la moitié du parcours, on va se retrouver sur du roulant, un vrai bonheur à rouler et à envoyer un peu… J’ai de bonnes jambes, je suis bien, j’enroule et j’arrive même à baisser mon cardio à un rythme que je n’arrive jamais à avoir à l’entrainement… Fin du vélo, je me relâche un peu le dos dans les derniers kilomètres, il y a quelques grimpettes en rentrant sur Vichy et j’en profite pour me mettre en danseuse, ça fait du bien… Je saute du vélo, j’avais tablé sur 3h et je me pète un 2h45’05’’ pour une moyenne de 33.45Km/h… Je matte ma montre et je vois que j’ai gagné ¼ d’heure sur ma prévision, je suis super content.
Re-belotte, pose du biclou, prise du sac T2, transition rapide en 2’41’’ et c’est parti vers la grande inconnue, le semi-marathon ! Je pars prudemment comme je l’avais prévu, je visais un 6mn/Km pour le premier tour et j’aviserais au 2ème… Je suis sorti du parc juste derrière une fille de l’asfas rencontrée la veille, on discute un peu et elle se met devant moi, on va passer 7/8Km quasi ensemble. J’ai les jambes en béton les premieres 4/5 bornes, comme d’habitude, et ensuite ça se délie tranquillement. A 8Km, Magali baisse un peu de rythme à cause de douleurs aux mollets, je l’encourage, j’ai pris les pieds d’un mec qui vient de me doubler. On court à la même vitesse, on se retrouve cote à cote et en fait on va faire 7 ou 8 bornes comme ça en se tirant… Puis d’un seul coup, le gars me tape sur l’épaule et me dit « je te laisse partir, je vais vomir ! », « courage mon pote, ça va aller au bout ! », et je me retrouve seul pour terminer…
On repasse dans Vichy, la traversée du parc passe bien grâce aux ravitos nombreux, ou je me mets à marcher pour bien m’hydrater car il commence à faire chaud, des amis m’encouragent, ça fait du bien, et puis tout le long du parcours, il y a des gens qui t’encouragent aussi, ça booste, ça motive, comme autant de mains qui te pousseraient au cul… Cette sensation, tu ne peux la connaitre que sur des épreuves d’endurance, au marathon de Paris, j’avais ressenti la même chose…
On redescend sur les quais, et en face, juste là, il y a l’arrivée, tu la vois, tu entends la musique, les speakers qui foutent le feu, le public, mais avant, il faut atteindre le pont pour retraverser la rivière. Je pique un peu du nez, mais je me motive, je pense à mes 2 nanas qui m’attendent juste là, en face. Je double des concurrents qui peinent, passé la montée de la moitié du pont, je sais que c’est gagné.
Je matte ma montre, 5h24 ! J’essaie d’en remettre en profitant de la légère descente, je ne sais pas si j’accélère, mais je peux faire moins de 5h30, le truc de fou… « Aller, pousse, pousse, bordel !!! »
J’arrive au palais du lac, et je prends l’allée qui mène à l’arrivée, juste avant d’arriver dans l’aire finale, j’entends les filles à coté, elles me croient dans mon premier tour car elles ne m’ont pas vu passer au premier, je leur crie « allez venez ! je fini là !! », et les voilà m’entourant pour rentrer dans l’enceinte d’arrivée ou il règne une ambiance de ouf… On arrive sur la moquette, c’est la fin, y’a mes deux chéries qui me tiennent la main, j’ai des frissons dans tout le corps, on passe le portique d’arrivée…
Embrassades, bisous, je matte ma montre quand même… 5h28’35’’ total, le semi en 1h58’08’’, c’est inespéré, vraiment, sincèrement, je n’y avais jamais pensé, j’espérais 5h50, je rêvais de faire 5h45, mais là !
S’en suit cette curieuse sensation d’après-arrivée quand tu as préparé un événement important pour toi… Mélange curieux d’accomplissement, de soulagement, de joie, d’amour… Unique !
La médaille autour du coup, je rejoins le ravito d’arrivé, et quel ravito, pantagruélique !!! J’ai envie de bouffer du salé, je suis écœuré des gels et boissons hyper sucrés, mais je suis affamé. Pizzas, quiches, taboulé, puis fruits, et finalement gâteau au chocolat (impossible de résister à ça ! ), y’a même des filles qui font des crêpes, un délice…
Je retrouve mon mentor et ses collègues de club, y’a les mobylettes qui sont arrivés depuis longtemps et quelques-uns qui arrivent ensuite, Magali arrive avec son sourire qui semble rivé constamment à son visage, félicitations, échange de sensations, de chronos…
Je récupère mon Tshirt finisher, mes sacs… Le taf accompli par les bénévoles est incroyable, tous les sacs sont triés et tu les récupère en 2 minutes ( on doit être plus de 1400 concurrents en tout et on a 3 sacs chacun ! ) Récupération de mon fidèle destrier, et je sors retrouver mes amours…
Voilà, place à récup, une petite semaine de reprise tout en douceur…
Et place aussi à la grande question : « C’est quand le prochain ??? « En attendant, je me le dis bien haut dans ma tête ( et aussi à vous, maintenant.. ) : I am a Half Ironman !!!