Anelka : l'Europe n'a plus d'argent pour le foot !!
205.000 euros par semaine (175.000 livres).
Soit plus de 10 millions d'euros par an, hors contrats pubs et sponsors. C'est ce que va gagner, d'après ESPN, Nicolas Anelka dans son nouveau club chinois, Shanghai Shenhua, qu'il rejoindra au mois de janvier. L'attaquant français va ainsi doubler le salaire qu'il perçoit actuellement à Chelsea, le club londonien détenu par le pourtant très riche Roman Abramovitch. Que les choses soient claires: Anelka n'émigre pas dans l'Empire du milieu pour la qualité du football qui y est pratiqué ou la passion qu'il y suscite -les Chinois se moquent du ballon rond comme la France du badminton-, mais pour la montagne d'argent qu'on lui propose. Rien que pour l'argent.
Peu importe que l'on juge cela scandaleux, ou que l'on dise "tant mieux pour lui". La nouveauté est que le football européen ne fait plus le poids financièrement face aux pays émergents. Le sport le plus populaire au monde est, comme on dit en philo, in der Welt. Il n'échappe pas aux grandes tendances macroéconomiques. De même que les Etats européens, perdus dans la spirale de la dette souveraine, doivent s'en remettre à la Chine pour les sauver de la faillite ou au Koweït pour recapitaliser les fleurons industriels, le monde du foot va chercher l'argent dans les Brics ou les pays exportateurs des très chères matières premières.
Quand Nicolas Sarkozy veut faire du PSG un grand club européen, et tirer le foot français vers le haut, il n'en parle pas à Liliane Bettencourt, la famille Mulliez ou Bernard Arnault, mais au prince du Qatar. Quand le prince Albert cherche le sauveur qui rendra à l'AS Monaco sa place dans le foot hexagonal, il se tourne vers Dmitri Rybolovlev, milliardaire russe classé 93e fortune mondiale par Forbes. Qui détient le nouveau riche du foot anglais, Manchester City? Cheikh Mansour, d'Abou Dhabi. Et Malaga, appelé à concurrencer en Espagne le Real et le Barça dans les années à venir? Cheikh Abdullah Bin Nasser Al-Thani, du Qatar. Et où seront organisées les trois prochaines coupes du monde? Au Brésil en 2014, en Russie en 2018 et au Qatar en 2022.
Le Qatar, la Russie, les Emirats, la Chine, l'Inde, le Brésil... C'est dans ces pays que le monde du football cherche aujourd'hui son nouvel eldorado, quand l'étoile de l'Europe pâlit. Le dernier atout du Vieux continent est la légitimité historique: c'est là que le sport a été inventé, c'est là que se déroulent ses compétitions les plus prestigieuses (la Ligue des champions, évidemment, mais aussi l'Euro), c'est que là que jouent les meilleurs. On imagine mal un Leo Messi au sommet de son art fuir à Pékin pour de strictes raisons financières, sans aucun challenge sportif. En fin de carrière peut-être, comme Beckham et Henry aux Etats-Unis ou Anelka en Chine, mais pas maintenant.
Un pays peut toutefois offrir défi sportif et promesses financières aux footballeurs: il s'agit de la Russie, dont les clubs peuvent disputer la Ligue des champions. Samuel Eto'o n'a pas résisté aux 20 millions offerts par l'Anzhi Makhachkala. Et Cristiano Ronaldo n'a pas écarté la possibilité de rejoindre un jour le Camerounais dans le championnat russe... Le clasico entre le Zenith Saint-Petersbourg et le CSKA Moscou nous passionnera-t-il bientôt davantage qu'un Real-Barça ou un Man Utd-Arsenal?