Fab74ch a écrit :geraud a écrit :Ca te permet de planifier au mieux ton effort, de la façon la plus linéaire possible, et d'éviter les à coups puisque c'est le double effet kiss cool
1) en montant vite, tu dégraisses par l'arrière, et tu réduis de beaucoup les envies d'attaques.
2) tu te préoccupes à peine des (rares) attaques, ton train reviendra. C'est d'ailleurs ce que disait Poels en substance il y a quelques jours. Quand il y a une attaque, il ne va pas la chercher mais "se contente" de regarder s'il faut continuer sur ce rythme ou en rajouter un petit peu.
Du coup, tu peux piloter au compteur, ou plus probablement au capteur de puissance. Tu te cales sur un rythme au pied de la montée, et ton effort est programmé et régulier jusqu'à 2km de la ligne ou tu pourras (ou pas...) lacher les chevaux.
Ca laisse moins de place aux surprises que de devoir répondre à ceux qui attaquent: tu te prends une grosse accéleration, tu rentres, tout le monde coupe et est presque à l'arrêt, du coup tu en as un qui accélère...
Ok, mais supposons que le train de Froome soit à 330W (au hasard). A quoi ça lui sert d'avoir 2 coequipiers qui mènent le train? Il peut le faire tout seul comme un grand non?
Même si l'effet d'aspiration est nettement moins important que sur le plat, c'est quand même toujours un peu plus simple dans la roue de quelqu'un, que ce soit physiquement ou mentalement. On le voit d'ailleurs aussi avec les échappés, qui montagne ou pas montagne, se relaient dans les ascensions.
Et mine de rien, dans une fin d'étape ou tu as beaucoup de monde sur la route, celui qui ouvre, c'est aussi celui qui doit faire attention au con qui court, au drapeau qui risque de te faire tomber, et du début à la fin de la montée, c'est aussi celui qui doit contrôler le rythme, faire attention de ne pas s'emballer, mais de ne pas laisser tomber le rythme non plus... Tu y laisses un peu plus de fatigue physique que les autres, mais aussi un peu plus de fatigue mentale.
Si tu fais le boulot toi même, tu t'exposes beaucoup plus. La, le leader n'a qu'à se concentrer sur la roue de devant, et l'équipier ne se pose pas trop de questions puisque son rôle (hormis pour le dernier ou les deux derniers équipiers) ne va pas jusqu'en haut de la montée. Si un jour Poels se met dans le rouge en ramenant sur Valverde, et se fait contrer par Quintana (ça c'est pas la version 2016

), si il saute, il restera toujours Froome et Henao. Si c'est Froome lui même, ce n'est pas pareil.
Et puis ça a aussi un effet sur les autres. Froome avec 3 équipiers devant lui, dont Poels qui ramène sur Nibali en se buvant un Coca, ca ne donne pas envie comme lorsque tu vois Froome tout seul. D'ailleurs ce n'est pas pour rien que tout le monde dit - même si personne n'y arrive - qu'il faut isoler Froome.
Tu peux aussi mieux anticiper les attaques. Quand tu as Froome et 3 équipiers devant lui, ses adversaires sont au mieux en 5ème position du groupe, et les 3 coureurs devant lui n'ont aucune raison de ne pas rouler. Quand le coureur dans ton dos attaque, tu préviens tes équipiers quand tu le vois débouler, et il faut encore qu'il passe les 3 vélos devant toi avant de faire un écart. Ca te laisse un peu plus de temps pour réagir que lorsque tu es en première position.
C'est un peu comme sur les sprints. Si tu es en deuxième position à 700m de la ligne, tu peux tenter de surprendre le coureur de tête en attaquant. Mais tu ne surprendras jamais un train; le temps que tu arrives à hauteur du coureur de tête, il aura déjà été prévenu et aura commencé à accélérer.
Enfin, ce que tu dis peut marcher dans un tour comme nous l'avons vu cette année pour Froome (jusque là en tout cas...). Sauf que parfois, ça se passe aussi comme ça:
https://www.youtube.com/watch?v=AqBSYAihPOs
Regarde à partir de la 40ème minute. Sans son train en montagne, je ne suis pas certain que Froome aurait gagné l'an dernier. Ou alors de vraiment pas grand chose.