Nancy. Bien sûr, ils n'auraient pas craché dessus... Ah, un titre européen Elite décroché par un tricolore pour ce premier championnat d'Europe organisé sur le sol français, en effet ça aurait eu de l'allure. Mais avec des courses menées à un train d'enfer, devant un public conquis et dans le décor unique de la Place Stanislas, les organisateurs de l'événement pouvaient avoir le sourire jusqu'aux oreilles.
Les chevilles ouvrières du Triathlon Nancy Lorraine, de la ligue et de leurs partenaires feront d'autant moins le fine bouche que même sans médaillé d'or, les Français ont fait parler d'eux : quelques places d'honneur chez les juniors, en guise d'apéritif, avant qu'Alexandra Louison (Cesson) n'atterrisse au pied du podium, et qu'Étienne Diemunsch, pas encore 22 ans et du talent à revendre, ne vienne se parer d'argent au scratch et d'un titre européen chez les U23. S'il y aurait pu avoir mieux, par exemple avec une Sandra Levenez (Cesson) et un Laurent Galinier (Marville) en meilleure forme, avouez qu'il y a plus déshonorant comme bilan.
Celui de la Bretonne Sandra Levenez (7e au final) fut donc en deçà de ses espèrances. Mais si la chef de file de la délégation française, jamais dans le coup, fut lâchée dès les premiers tracés dans la Pépinière et Place Carrière, sa coéquipière de Cesson Alexandra Louison allait en revanche montrer de quoi elle est capable. Suivant à la trace deux des grandes favorites, l'Anglaise Katie Ingram et la Hollandaise Ruth Van Der Meuden, ce gabarit de poche (1m55 pour 42 kg) semblait partie, après 10 km bouclés à belle allure (32'52'') pour jouer la gagne... avant que la malchance ne vienne mettre son grain de sel sur le parcours vélo. Un endroit un peu glissant, et la Française se retrouvait à terre une première fois, puis contrainte de s'arrêter un peu plus loin, encore, pour remettre d'aplomb un patin de frein endommagé dans sa chute. C'en était un peu trop pour viser l'or.
Galinier met pied à terre
Après les 40 km cyclistes, Van Der Meuden et Ingram filaient seules, alors qu'un troisième larron, Katrina Grimmett, Anglaise également, revenait dans le coup pour faire la différence sur les 5 dernières bornes à pied. « C'est rageant », soupirera la détentrice de la ''médaille en chocolat''. « J'avais vraiment les moyens de jouer le podium... »
Des moyens que n'avaient pas, chez les hommes, les sociétaires de Marville. Les Meusiens avaient pourtant, sur le papier, des arguments à avancer : Laurent Galinier, vice-champion d'Europe, et Damien Derobert, Nº1 mondial, semblaient en effet taillés pour l'événement. Surtout en évoluant en terrain connu, eux qui avaient pris leurs marques dans la cité ducale à l'occasion des finales du championnat de France des clubs, en 2008 et 2009. Mais c'est un troisième Bleu qui, s'est chargé d'assurer le show : aux avant-postes du début à la fin, je jeune Diemunsch (Poissy) ratait l'or d'un rien, piégé dans les 300 derniers mètres par le rusé Russe Sergey Iakolev, qui en avait gardé sous le pied pour lui souffler le titre Élite dans les ultimes hectomètres.
En retrait dès le départ, Laurent Galinier aura pour sa part manqué son rendez-vous, sa méforme le contraignant à descendre de vélo et à abandonner. Son coéquipier du CTM 55 Damien Derobert, lui, se contente d'une 7e place dans une épreuve souvent animée par les Espagnols, dont l'un d'eux ramène d'ailleurs une médaille en Meuse : en l'occcurrence le bronze décroché par Del Corral, Marvilloup de licence et d'adoption.
Une petite consolation pour le CTM, qui verra peut-être ses protégés briller un peu plus encore aujourd'hui, à l'occasion des relais (mixtes) par équipes. Car le spectacle continue au cœur de Nancy. Et ce n'est pas de brave Stanislas qui s'en plaindra.
Damien Derobert : « Pas de regret »
- Alexandra Louison (4e et 1ère Française) : « Dès la première partie de course à pied, j'étais tout de suite dans le rythme bien. Et quand je me suis retrouvée à vélo dans le trio de tête, on roulait bien ensemble et à ce rythme, c'était le podium assuré. Malheureusement, ma chute et mon problème qui s'en est suivi, avec un patin de frein abîmé, sont venus tout gâcher. Dans la deuxième partie de course à pied, je savais que l'Anglaise Grimmett était très bonne, je n'ai rien pu faire contre elle. J'espère qu'en relais, je pourrai cette fois monter sur le podium. »
- Damien Derobert (7e et 1er senior français) : « On a bien travaillé à vélo avec Nicolas (Ndlr : Capoferri), on voulait au moins faire voir le maillot en France. On a attaqué mais on était très surveillés, on n'a donc pas pu creuser un écart suffisant. Ensuite, j'ai commencé la deuxième course à pied avec des crampes, je n'ai pas pu courir vite tout de suite. Cela s'est un peu arrangé au bout de 2km, mais il était un peu tard. Mais je n'ai aucun regret, j'ai eu des sensations ''moyennes'' ces derniers temps, donc je ne m'attendais pas forcément à une grosse perf. Cela dit, j'ai tout donné, comme on le fait toujours en France, et je n'ai pas de regret. En plus, il y a ce podium avec Étienne... »
- Etienne Diemunsch (2e au scratch et 1er U23) : « La forme revient vraiment après une petite période de creux, mais je m'en veux quand même un peu pour ma fin de course : je pensais pouvoir prendre le meilleur sur Iakolev au sprint, mais il a bien réagi. Il m'a eu un peu à l'expérience, d'autant qu'en vélo, il n'a pas mis un coup de pédale... Mais pour ma première course Elite, c'est tout de même super-positif. »
- Pierre Ozon (entraîneur national) : « Sur la course des filles, on a dû composer avec un méchant concours de circonstances : Sandra (Levenez) était dans un jour sans, Alexandra chute à vélo et Sabrina fait une course cohérente mais manque encore un peu de puissance à vélo... C'est frustrant mais c'est la course. »