Re: Dopage dans les sports majeurs
Publié : 24 août 2013 13:35
http://www.liberation.fr/sports/2013/08 ... oir_926589
Dopage, cachez ces chiffres que nous ne saurions voir
23 août 2013 à 15:03
L'Américain Tyson Gay (g) et le Jamaïcain Asafa Powell lors du meeting de Gateshead en 2010. Tous deux sont tombés pour dopage avant les championnats du monde à Moscou, au mois d'août.
Par GILLES DHERS
En matière de chiffres et de dopage, on ne sait rien, si ce n'est une chose: le pourcentage de contrôles positifs, environ 2 %, est à des années-lumière de refléter la réalité statistique de la triche médicamenteusement assistée. Les récents travaux de la commission sénatoriale d'enquête sur l'efficacité de la lutte antidopage ont encore mis en lumière cette évidence. Alors, quelle est la proportion de sportifs chargés? 95% comme dans le peloton cycliste au bon vieux temps des années EPO? Beaucoup moins?
Pour répondre à cette question, l'Agence mondiale antidopage avait missionné trois chercheurs en 2011. A charge pour eux de mettre au jour cette terra incognita du sport moderne en interrogeant, sous couvert d'anonymat bien entendu, 2000 athlètes participant cette année-là aux Mondiaux d'athlétisme à Daegu (Corée du Sud) et aux Jeux Panarabes à Doha (Qatar). 29% des sportifs questionnés en Corée et 45 % de ceux questionnés au Qatar ont répondu avoir sciemment pris des médicaments prohibés ou avoir eu recours à des méthodes interdites dans l'année précédente. Des résultats édifiants mais tenus secrets, révèle aujourd'hui le New York Times.
L'Agence mondiale antidopage a en effet préféré cacher les chiffres d'une étude qu'elle avait elle-même commandée. Interrogée par le quotidien américain, elle se retranche derrière la position de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) qui flingue la méthode d'enquête, «basée uniquement sur un protocole de sciences sociales, une sorte de micro-trottoir auprès des athlètes». Les chercheurs, eux, défendent la validité scientifique de leur travail, notamment le fait que les athlètes avaient le choix de répondre ou non à la question sur le dopage, qu'ils étaient les seuls à savoir s'ils y avaient répondu et ce qu'ils avaient répondu. Ils jugent même que les résultats sous-estiment la réalité.
La suite ressemble à un 400 mètres haies pour les chercheurs. En 2012, à leur grande incompréhension, l'Ama leur demande un complément d'enquête. En janvier de cette année, l'Agence accepte finalement la publication dans la revue Science, qui ne donne pas suite. En raison du sujet, pensent les sociologues.
Puis l'AMA, qui avait donné son OK à la parution dans d'autres revues, fait volte-face. Préférant la rétention des informations en attendant le feu vert de l'IAAF. Laquelle, à quelques mois des Mondiaux à Moscou (en août), ne brûle sans doute pas de voir publiés des travaux suggérant que près d'un tiers des athlètes reconnaissent s'être chargés. «L'épidémie» de contrôles positifs, notamment chez les sprinteurs jamaïcains, avant les championnats du monde, montre que les chercheurs avaient peut-être approché la réalité.
Dopage, cachez ces chiffres que nous ne saurions voir
23 août 2013 à 15:03
L'Américain Tyson Gay (g) et le Jamaïcain Asafa Powell lors du meeting de Gateshead en 2010. Tous deux sont tombés pour dopage avant les championnats du monde à Moscou, au mois d'août.
Par GILLES DHERS
En matière de chiffres et de dopage, on ne sait rien, si ce n'est une chose: le pourcentage de contrôles positifs, environ 2 %, est à des années-lumière de refléter la réalité statistique de la triche médicamenteusement assistée. Les récents travaux de la commission sénatoriale d'enquête sur l'efficacité de la lutte antidopage ont encore mis en lumière cette évidence. Alors, quelle est la proportion de sportifs chargés? 95% comme dans le peloton cycliste au bon vieux temps des années EPO? Beaucoup moins?
Pour répondre à cette question, l'Agence mondiale antidopage avait missionné trois chercheurs en 2011. A charge pour eux de mettre au jour cette terra incognita du sport moderne en interrogeant, sous couvert d'anonymat bien entendu, 2000 athlètes participant cette année-là aux Mondiaux d'athlétisme à Daegu (Corée du Sud) et aux Jeux Panarabes à Doha (Qatar). 29% des sportifs questionnés en Corée et 45 % de ceux questionnés au Qatar ont répondu avoir sciemment pris des médicaments prohibés ou avoir eu recours à des méthodes interdites dans l'année précédente. Des résultats édifiants mais tenus secrets, révèle aujourd'hui le New York Times.
L'Agence mondiale antidopage a en effet préféré cacher les chiffres d'une étude qu'elle avait elle-même commandée. Interrogée par le quotidien américain, elle se retranche derrière la position de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) qui flingue la méthode d'enquête, «basée uniquement sur un protocole de sciences sociales, une sorte de micro-trottoir auprès des athlètes». Les chercheurs, eux, défendent la validité scientifique de leur travail, notamment le fait que les athlètes avaient le choix de répondre ou non à la question sur le dopage, qu'ils étaient les seuls à savoir s'ils y avaient répondu et ce qu'ils avaient répondu. Ils jugent même que les résultats sous-estiment la réalité.
La suite ressemble à un 400 mètres haies pour les chercheurs. En 2012, à leur grande incompréhension, l'Ama leur demande un complément d'enquête. En janvier de cette année, l'Agence accepte finalement la publication dans la revue Science, qui ne donne pas suite. En raison du sujet, pensent les sociologues.
Puis l'AMA, qui avait donné son OK à la parution dans d'autres revues, fait volte-face. Préférant la rétention des informations en attendant le feu vert de l'IAAF. Laquelle, à quelques mois des Mondiaux à Moscou (en août), ne brûle sans doute pas de voir publiés des travaux suggérant que près d'un tiers des athlètes reconnaissent s'être chargés. «L'épidémie» de contrôles positifs, notamment chez les sprinteurs jamaïcains, avant les championnats du monde, montre que les chercheurs avaient peut-être approché la réalité.