Clément Lhotellerie
Accusé de dopage dans l'exemplaire de mai de Velomagazine dans un article intitulé "Les cas de conscience", Clément Lhotellerie est tombé des nues. Selon Jean-François Quénet, auteur de l'article, "le dopage a foudroyé sa carrière naissante". Le coureur ardennais aujourd'hui membre d'une équipe amateure belge a tenu à s'expliquer et démentir les accusations ciblées par le mensuel français dans une lettre ouverte. Un article dans lequel il défend n'avoir "jamais été contrôlé positif à des substances comme l’EPO, la testostérone ou la cortisone" mais bien à la "methylhexanamine". Une substance dont le statut est "toujours instable aujourd’hui et dont les experts ne s’accordent pas sur l’ efficacité." Cyclism'Actu vous propose la lecture de sa lettre y proposant sa défense.
La lettre ouverte de Clément Lhotellerie
N’ayant pas été contacté par M. Quénet lors de la rédaction de cet article, il est clair que le but premier est de condamner, briser une jeune carrière, et non de démontrer. Fait-on un procès sans interroger l’accusé ? J’ai le regret de voir que velomagazine se lance dans la presse à scandale !
Premièrement je dois rappeler les faits. Je n’ai jamais été contrôlé positif à des substances comme l’epo, la testostérone, la cortisone etc… J’ ai été déclaré positif en 2009 à la methylhexanamine, substance dont le statut est toujours instable aujourd’hui et dont les experts ne s’ accordent pas sur l’ efficacité.
Le seul point que l’on puisse me reprocher est mon côté provocateur voir arrogant qui a pu déranger à un certain moment. C’est d’ ailleurs le seul parallèle que l’on puisse faire avec Ricardo Ricco, il n’ y en a pas d’autres ! Est-ce bien raisonnable de nous comparer ? Je n’ai pourtant pas le quart de son palmarès…
Je reconnais mon erreur, j’aurais du être plus « dans le moule ». Je pensais pouvoir attirer l’attention du bon côté en montrant mon envie de réussir. Cette image était importante pour moi car elle affichait clairement mon ambition, contrairement à la plupart des jeunes recrues des directeurs sportifs du cyclisme français, qui sont conventionnelles et sans personnalité…bref « dans le moule ».
Lorsque je lis qu’à Paris-Nice je n’ai pas parlé du passé de Richard Virenque cela me choque ! Qui suis-je pour juger la carrière d’un grand champion ? Qui n’a pas admiré le plus grand grimpeur français de tous les temps ? Doit-on me le reprocher ?
Doit-on aussi me reprocher le second point qui m’a valu cette réputation « sulfureuse » ?
Eh oui j’ai toujours été un acharné de l’entraînement…et en France cela parait suspect, contrairement à l’ étranger ou cela est très bien vu car il faut bien dire que c’est le seul moyen d’arriver à quelque chose dans le cyclisme. Quand je vois que M. Madiot possédait sûrement ces dernières années le meilleur grimpeur français, et que ce dernier n’explose que cette année dans une équipe étrangère…Je ne peux que me demander si la FDJ possède un bon entraîneur?
Je voudrais également ajouter que M. Madiot, avant de me juger, ferait mieux de surveiller ses coureurs de plus près. Un jeune français de la FDJ n’a-t-il pas été positif il n’y a pas si longtemps ?
En ce qui concerne la politique de recrutement de M. Lavenu, je dois avouer que je ne comprends pas tout. Mon dossier médical ne passe soi-disant pas, alors que ceux de certains coureurs espagnols oui. Pourtant la suite nous a démontré qu’il n’aurait pas du leur faire confiance…Deux poids, deux mesures, il faut que l’on m’explique !
Le cas de M. Guimard n’est pas mal non plus. Il n’a pas rechigné quand je lui ai offert gracieusement mes services pour relancer, il est vrai, ma carrière. J’ai apporté 21000 euros avec moi, soit la totalité du contrat minimum pour un coureur d’une continentale française. Il m’a bien fait signé et ceci malgré ma soit disant réputation sulfureuse. Puis comme il l’a dit, a tout laissé tomber au bout de deux mois. J’ai enchaîné les blessures et contre-performance sans qu’il s’en soucie…mais bon j'étais « gratuit ». Le système est ainsi fait !
Je dois également apporter des précisions quant à mon transfert chez Vacansoleil. Je n’ai pas « trouvé refuge » mais bel et bien signé un contrat par choix purement sportif. J’ai tout de suite senti la détermination des dirigeants et des sponsors, pour moi c’était clair que cette équipe allait atteindre le top niveau. N’avais-je pas raison ? Ils sont actuellement dans le pro tour et je les félicite pour leur travail.
Je voudrais ajouter que je vois dans cet article le jugement de 3 directeurs sportifs qui n’ont pas, selon moi, de leçons à donner à de jeunes coureurs. Les aveux plus ou moins récents de plusieurs personnes jettent un gros doute quant au fait qu’ils aient acquis leur place actuelle dans le milieu du cyclisme sans utiliser ou avoir un rapport quelconque avec le dopage…
Pour ce qui est du présent, j’ai enfin retrouvé un cyclisme vrai, avec le plaisir de rouler. La Belgique et la Royale Pédale St Martin de Tournai m’ont accueilli sans jugement et me font confiance. Je ne pense pas avoir croisé autant de personnes fourbes dans le système belge que dans le système français.
En Belgique je peux courir tous les jours avec 200 coureurs à moins de 100km de chez moi. Essayez en France et vous ne pourrez même pas courir une fois par mois. Le vélo se meurt en France et le système est à revoir. Il faudrait y travailler plutôt que de jeter le doute sur la propreté des autres nations (ce que fait clairement cet article !)
Dans tous les cas je remercie fortement la Belgique, ma terre d’accueil. Je suis très bien entouré et effectue une bonne saison sur des bases saines. Je ne me suis jamais senti aussi bien sur un vélo et même en dehors du vélo. J’espère donc remonter au niveau supérieur afin de reprendre le développement de ma carrière et surtout d’assouvir ma passion !
En conclusion, je n’attache aucune importance à l’article de vélomagazine. Je suis juste attristé de constater qu’un tel magazine puisse encore poser 3 pages sur un fond de dopage. Ceci démontre clairement le problème du cyclisme français, qui n’est toujours pas remis de l’affaire Festina…13 ans après ! Je n’en veux donc pas aux trois directeurs sportifs appelés dans cet article qui ne sont que des victimes du système français. Mieux vaut parler du dopage des autres que des grandes performances françaises du moment. On comprend donc mieux pourquoi, lors des grands rendez-vous du cyclisme mondial, aucun français des équipes françaises, ne peut prétendre à la victoire… Toujours en sous-entendant le dopage des autres. Ce raisonnement est un peu facile selon moi et totalement faux !