ALTRIMAN

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cornofulgure
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Re: ALTRIMAN

Message non lu par cornofulgure »

Oui pour le photographe officiel, c'est Eric Jouve:
http://ericjouve.com/even2008/index.php?cat=0
ou bien sinon cliqué sur "calendrier 2009"
Les photos ne sont pas encore là!
marco65
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Re: ALTRIMAN

Message non lu par marco65 »

Laule65 a écrit :Bonsoir a tous ,
Felicitations aux participants de cette epreuve ,pour avoir encourager les participants sur le parcours velo,c'etait vraiment magnifique ,j'ai admiré votre courage et votre tenacité. :shock:
Un grand bravo a tous les organisateurs et benevoles ,vous etes responsables de la reussite d'une telle epreuve ;en plus malgre les conditions meteo difficile vous etes resté jusqu'au bout de la course :sm2:
Merci a tous pour l'Altriman et les epreuves"annexes"
Laurence
ce fut un week end merveilleux dans les pyrénées orientales ,une terre sauvage et préservée ,et un terrain de jeu extraordinaire pour le triathlon .
vivement l'année prochaine

laule et miss marcotte ,finish line half ironman 2009 :sm3:

Image
bon et après on fait quoi?
-Antoine-
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Re: ALTRIMAN

Message non lu par -Antoine- »

Après le defi 42(ans) en 2018, défi 43 de 2019 abandonné, défi 44 torpillé, no défi 45 libéré, on respire ce n’est que du loisir
https://www.facebook.com/defi42ans/
http://defi42.blogspot.com/
http://triblogantoine.blogspot.com/
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vioqman
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Re: ALTRIMAN

Message non lu par vioqman »

Félicitations, et merci de nous faire partager ton cr.
https://bièrefrakass.fr/
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IronPion
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Re: ALTRIMAN

Message non lu par IronPion »

A mon tour également, merci Antoine, j'ai tout lu, c'est extraordinaire (et de surcroît bien écrit !)
Un seul mot : Bravo !!!
So good... Always smiling before... And now (10 janvier 2009) : Show must go on... !
    http://www.fabricepion.com
      NOUÂTRE : www.nouatre-triathlon.com
      garcimore
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      Re: ALTRIMAN

      Message non lu par garcimore »

      quelqu'un aurait il quelques photos ?

      merci
      poupe
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      Re: ALTRIMAN

      Message non lu par poupe »

      un grand bravo a christophe et laule 65..
      c est beau et enorme ce que vous avez fait..
      felicitations!!
      bravo a antoine pour le cr de sa course.
      ..je l ai lu et je m y voyait dedans.
      en etant tres emu.
      .je debute a peine dans le long et je comprends et m imagine la complicite et le respect entre vous tous le jour de cette course..
      un grand bravo a tous

      francois ....
      Yves N
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      Re: ALTRIMAN

      Message non lu par Yves N »

      Salut Antoine!
      Bien rentré?

      Voici mon CR que l'on peut retrouver sur le forum de Dijon Tri

      UNE BALADE A L’ALTRIMAN DU CAPCIR


      Arrivé aux Angles vendredi en début d’après-midi, surprise, il fait 14 °C. Nous enfilons notre polaire (et oui les Angles c’est la petite Sibérie !!) et avec mon chauffeur et futur finisher Seb, nous nous rendons à la base nautique de l’ourson où nous retrouvons mes ex coéquipiers troyens Eric Pinna et Greg Ziéba. A la prise des dossards, nous trempons la main dans l’eau et là surprise, l’eau est bonne (environ 18 °C). Normal, il fait tellement froid dehors ! Après, retour à l’hôtel pour poser les affaires et préparer les sacs de change. Vers 17h30, nous sommes allés poser nos vélos et ensuite petite sieste bien méritée.

      19h30 vient l’heure du briefing, Benoît, l’organisateur nous présente le parcours avec son interprète espagnole (il y avait une grosse délégation espagnoles). Le mot d’ordre est prudence et gestion !!! La course commence au kilomètre 133 à vélo, il faut arriver frais à ce point car sinon vous allez souffrir !!! Nous avons tous eu un petit sourir en coin mais qui nous laisse déjà penser que la journée va être longue. Pour le parcours à pied, une grosse montée à 10% sur 1 Km à faire une fois et le reste c’est un pourcentage moins élevé. Pour finir le briefing, Benoît nous annonce une rave party sur le parcours vélo. Ils ont tout prévu, même les ecstas pour nous rebooster. Le briefing terminé, nous profitons de la pasta party avant d’aller au dodo. Un dernier coup de fil à Céline pour connaître la météo (pas bonne du tout !)

      3h30, le réveil sonne, j’ai pas beaucoup dormi. Le vent à souffler très fort toute la nuit et le stress est bien présent. Petit-déjeuner du triathlète (sport dèj, prince, thé, banane, euh j’avais oublié le Nutella !!!) Et hop, on monte dans la voiture, musique à toque, on traverse les Angles ou seuls quelques fadas sont levés…., et en route sur le site de départ. Il fait froid….. La prépa du sac est sommaire, je me dis que j’aviserais en fonction du temps à la sortie de l’eau. Au fond de moi-même je sais qu’il va faire froid mais bon…5h10. Tout d’un coup Seb me demande si j’ai pris son ravitaillement perso dans la glacière d e l’hôtel et bien non !! En bon samaritain, je lui donne 2 de mes sandwichs et 2 babybels (je prévois toujours plus heureusement !).
      Je vais poser mes 2 sacs ravito perso. Je reviens au parc, je mets ma combi rapidement pour être au chaud. Je file ensuite vers la zone de départ pour faire un coucou à Céline, par la Webcam du site, qui est restée à la maison. Le départ est imminent, la pression est à son comble, et PAN le départ est donné la musique THE FINAL COWNTDOWN à fond, les fumigènes et la nuit noire. On nage en direction des feux d’une voiture qui éclaire la première bouée à environ 900 mètres. Arrivé vers la voiture, on cherche la bouée qui est 5 mètres à ma gauche, petit retour en arrière et hop c’est fait je la passe. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde car certains se sont mal dirigés et ont coupé entre les 2 bouées au bou du lac. Pour ma part, je vais chercher la 2eme et j’amorce le retour. Tout va bien l’altitude ne me gène pas. Je sors en 33 mn du 1er tour. La sortie à l’australienne nous fait traverser un ponton d’une trentaine de mètres et on est reparti pour un tour. Le jour commence à se lever, on distinge enfin les bouées mais le vent se lève et le clapot rend la direction complexe. Je fais mon 2eme tour seul car les autres concurrents semblent rallonger un peu et se laissent entraîner par le clapot. Au final, 1h09 à la sortie de l’eau et des bonnes sensations.

      T1
      Comme prévu, il fait très froid, on s’habille tous pour une sortie d’hiver. Je prends mon temps (presque 12 min) pour me sécher et choisir les habits adequat.

      Vélo :
      Allez hop, je file vers le départ vélo, un petit sourire pour la photo de Fred et je monte sur mon fidèle destrillé (préparé par Gino). A peine sorti du parc, ça monte déjà, j’aperçois au loin le bateau qui suit le dernier en natation. On attaque avec le col de la Llose, qui se monte facilement, la descente est particulièrement dangereuse car les virages sont serrés et la route étroite. Nous attaquons ensuite le col de Creu qui monte par palier et d’où on peut apprécier le paysage sur les concurrents qui descendent le col de la Llose et l’ambiance sauvage. Là je roule un peu avec Antoine de Versailles. Je monte au train sans me mettre dans le dur à aucun moment car j’ai dans la tête le briefing de la veille (attention la course commence au Km 133 !!!). Après une descente ou il faut pédaler pour lutter contre le vent, j’attaque le col de Pailhère long de 15 Km à 9.5% de moyenne. Dès les 1er lacets, on peut admirer les ruines d’un château. Je monte au train jusqu’au 1er ravito perso (Km 75). Là c’est la pause sanwchich pain au lait / babybel. On repart et là les choses sérieuses commencent, ça monte fort, il fait froid et le vent est fort. Une montée splendide ou on en prend plein les yeux avec des lacets interminables sur la fin et un froid de canard (1°C). La descente s’annonce complexe avec le vent et le petit crachin qui tombe. Arrivé en bas, virage serré à droite et hop on monte le col de Pradel. Col difficile avec un revêtement moyen. Malgré tout, le moral est là et le soleil fait de timides apparitions. Après, on arrive au Km 133 pour le second ravito perso. Je suis en avance sur les délais vélo (environ 20 min) et je suis frais. Un petit coup d’œil sur le téléphone portable et un petit message d’encouragement de Céline, la suite devrait bien se passer. Je repars en même temps qu’Antoine qui avait crevé un seconde fois dans la descente de Pradel. On enchaîne avec le col de Garavel qui monte sur 15 bornes mais qui est très dur, avec des pentes interminables. Je laisse partir Antoine qui grimpe mieux que moi, je le garde malgré tout en point de mire jusqu’au sommet.J’entame la descente et en regardant mon roadbook, je vois que nous allons arriver à LA COTE de 12% sur 3 Km et qui se poursuit sur le col des Hares. Les jambes sont là et la tête est encore plus présente. Un petit ravito et c’est parti, la montée se déroule sans encombre, ça sent déjà le marathon, rien ne peut m’arriver. Ca y est, je retrouve les routes du matin, ça sent bon le marathon, je m’alimente comme il faut. Le compteur affiche 193 Km (quand on aime on ne compte pas !!!). Voilà 10h27 de vélo. Belle balade ! Et pas de Rave party !!

      T2 :
      Je pose le vélo aux environs de la 70ème place.Le soleil est là, Fred vient m’encourager et m’annonce un peu les positions, (Eric est 8 et Greg 21). Je prend mon temps (11 min), pour le changement. Mon petit bob, mes compress sport, ma crème solaire et hop c’est parti !!

      CAP :
      Les jambes répondent présentes !!! Je pars avec la banane, la petite bouche de 9.5 Km jusqu’au village de Matemale permet d’estimer les écarts. Je croise Antoine sur la digue qui a environ 3.5 Km d’avance, Seb qui a 5 Km de retard (avec qui je discute 3 min sur la course) et Eric qui attaque son 34ieme km qui gère tranquillement. Au passage au parc, je reprends mes gels que j’avais oublié et ma lampe au cas où… La remontée sur les Angles me laisse entrevoir un marathon en moins de 5h. Je croise Greg qui à l’air d’être bien. Je ne saute aucun ravito. Je tourne au coca, bretzells, et bonbons haribo (trop bon !!!!!). Arrive la bosse à 10% sur 1 Km. Je monte en marche rapide pour m’économiser. Arrivé en haut, on redescend sur le lac de Balcère. Là je croise des gars qui on le masque. Je me dis qu’il y a du monde à aller chercher. Je laisse dérouler les jambes dans la descente et et au demi tour du lac de Balcère, je croise Antoine qui a vu son avance fondre. J’attaque la remontée sur le haut du village des Angles avec une bonne foulée. Je ramasse les mecs mals en point, c’est dur pour eux et moi je vole… Arrivé en haut des Angles on redescend, je croise Seb qui monte tranquillement en marchand la bosse à 10%. Dans la descente vers le lac, je double Antoine qui a du mal à descendre avec ses genoux douloureux. Retour au lac et dernière boucle vers le haut du village de Matemale, les jambes se durcissent un peu. Malgré tout je reprends encore des gars qui marchent. Sur le retour, je discute avec un bénévole au ravito et j’aperçois Antoine à 400m, je l’attends pour finir ensemble. On part du parc à vélo et la nuit commence à tomber, on passe le 39ieme kilomètre et on croise Seb, qui a maintenant 12 Km de retard. On remonte sur les Angles à bonne allure, les voitures klaxonnes à notre passage, on nous encourage. Antoine monte fort la dernière montée, les jambes sont lourdes et enfin on aperçoit la salle d’arrivée. La musique THE FINAL COWNTDOWN à fond pour nous accueillir. On monte sur le podium d’arrivé main dans la main avec Antoine. Petite interview à chaud, photo, et remise du trophé de finisher et de la polaire. Je fais un marathon en 4h37. Après, massage, et ravito à volonté. Seb finit tranquillement en 18h21. Eric 7ieme, Greg 15ieme.
      Le vainqueur fait 12h56 min 53sec

      FINISHER EN 16h36min 19 sec

      Ce fut une épreuve magnifique du début à la fin. Pour ma part, je ne suis jamais senti seul. Il y avait toujours des coureurs devant ou derrière. Les ravitos placés aux bons endroits, les bénévoles étaient énormes, les arbitres avaient un superbe état d’esprit, une organisation au top pour une première et une fraternité entre triathlète que l’on ne retrouve pas sur beaucoup de courses. Il est certain que ce n’est pas l’ambiance Iron man avec tout le folklore autour. Mais cela y ressemblait en plus champêtre. De plus le prix est très bon marché par rapport à la prestation (course, pasta, lots, repas de la cérémonie des récompenses, ravito). Epreuve dantesque mais inoubliable de part ses paysages et son organisation.

      Merci au finisher Seb qui est aussi mon chauffeur :sm2:
      Merci Céline de ne pas demander le divorce :roll:
      Merci aux Bénévoles (ENORMES!!) :sm2:
      Merci à l'organisation :sm2:
      Merci à l'ensemble des triathlètes pour la fraternité durant cette course (Antoine, Marcel, Stephane,et tous les autres)
      Et Merci à cette région qui est magnifique
      Yves
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      Leonick
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      Re: ALTRIMAN

      Message non lu par Leonick »

      D U a écrit :sortie de l'eau, 5°C, 10' de transition, maillot MC + maillot ML, plus goretex+coupe vent+ jambières, pas de gant ni surchaussure, ça va manquer au col de pallaires 2°C sous la bruine, et vent de face!!!
      Image Image Image
      le col de Pailhères est habitué à ces conditions extrêmes : l'an dernier, au milieu juin on s'était retrouvé avec un brouillard à couper au couteau et une température qui ne dépassait pas les 7-8°C, alors que 500m plus bas (en altitude) on était revenu à environ 20°. C'est impressionnat pour les chevaux, car ils n'étaient même pas à 50m :wink:
      Le Calendrier du sportif
      c'est, des milliers de triathlons, duathlons, courses pédestres, trails, courses vtt, cyclosportives, gravel, et autres compétitions sportives
      gaelle37
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      Re: ALTRIMAN

      Message non lu par gaelle37 »

      Bravo à tous les participants de l'Altriman, il en fallait rien que pour s'inscrire!
      Le Pailhères terrible, dantesque. On vous a croisé dans la descente (pour nous, votre montée) en voiture (je crois que je n'ai jamais roulé aussi lentement de ma vie, une heure pour descendre : arrêt avant chaque virage pour laisser toute la place aux concurrents, encouragements...)
      J'aimerais avoir des nouvelles d'un concurrent en particulier, croisé à vélo au 180e km, vers 16h30-17h, assez jeune, en tenue rouge. Il avait chuté (importante balafre à la pommette, cuissard déchiré), et peinait sur le faux plat du retour sur le plan d'eau. On (deux filles!) l'a encouragé en le dépassant puis on s'est mise à 10m devant (pour pas qu'il y ait d'ambiguité sur un quelconque drafting), on a continué en accélérant un peu, en faisant attention à la distance, puis il a accéléré et nous a dépassé en nous remerciant pour l'aide). Si quelqu'un sait qui c'est ou s'il est sur le forum, on aimerait savoir s'il a fini. Son engagement faisait plaisir à voir, surtout après avoir chuté.
      Merci à tous les bénévoles qui ont été formidables tout le week-end, chapeau! Et longue vie à ce superbe festival de triathlon dans une région difficile, mais magnifique.
      stephan65
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      Re: ALTRIMAN

      Message non lu par stephan65 »

      Le triathlète en question était du club de Chateaubriant ,son nom: CARRIER mais le problème est qu'ils étaient deux (cf chronoweb): Sébastien 34ème et Christian 40ème. Tous deux très bien classés. Je miserais sur Sébastien car ce concurrent paraissait jeune. Présent aux différents passages et à l'arrivée: j'ai été impressionné par son courage, il n'a jamais faibli, s'est toujours accroché malgré un traumatisme facial important.
      Je découvrais le triathlon et j'ai été impressionné par les triathlètes eux mêmes, le dépassement de soi, l'abnégation et l'ambiance qui régnait sur cette épreuve merveilleuse.
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      asmath
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      Re: ALTRIMAN

      Message non lu par asmath »

      Je ne sais pas s'il s'agit du même, mais a priori, j'ai croisé un coucurrent avec les séquelles d'une chute lors de ma redescente vers le parc à vélo à pied. Il avait son chouchou, donc, il lui restait 3 km. Il est donc finisher. Encore plus de respect à lui.
      Si j’avais à choisir entre une dernière femme et une dernière cigarette, je choisirais la cigarette : on la jette plus facilement ! - Lucien Ginsburg
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      asmath
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      Re: ALTRIMAN

      Message non lu par asmath »

      J'ajoute mon "petit" CR la liste :shock: . Je vous préviens avant qu'il va vous falloir de la patience :oops: , mais j'ai eu du mal à résumer :mrgreen:

      Avant.
      Faire une distance Ironman.
      Avant toute chose, pour espérer finir une distance Ironman, il faut s’inscrire à une épreuve ad-hoc. Avec pour devise, partir vite, accélérer au milieu et finir à fond, et surtout un physique qui tient plus de l’enclume que de l’arbalète, une telle distance me paraissait résolument en total désaccord avec ma manière d’aborder le triathlon. Mais il ne faut jamais dire jamais. Après m’être essayé au long avec Nice 2002, 2003 et 2004, version anté-IM donc, j’ai rangé les chaussures de course à pied suite à la découverte d’une arthrose de la hanche.
      Arthrose qui s’est largement aggravée en un an malgré un ralentissement considérable, voire un arrêt de mon activité sportive. Décidant de prendre le taureau par les cornes, et après l’avis d’un chirurgien qui m’a simplement dit de passer le voir le jour où je ne pourrais plus marcher, je me suis remis aux joies de la course à pied le long du canal du midi quand les jours rallongent et les tenus rétrécissent. Mais je m’éloigne du sujet principal. C’est lors de l’été 2008, après une reprise plus assidue du vélo avec une saison de trois (c’est énorme) cyclos, et lors de laquelle, désœuvré et démotivé dans ma mission qui part en vrille chez un client -je suis alors en SSII- j’oublie toute conscience professionnelle pour errer et écumer le forum onlinetri.
      Ah, les joies des 950 pages du DM à lire en moins de deux semaines, la re-découverte du triathlon, et surtout l’envie d’y replonger. Et puis surtout la découverte de personnes qui ont eu des vrais problèmes personnels et / ou de santé, autres que mes petits tracas de tiraillement à la hanche me font repartir de l’avant. La lecture des nombreux comptes-rendus d’IM me font regarder cette distance d’une autre manière, et pour tout dire me mettent l’eau à la bouche. Et surtout m’indique qu’il n’est pas nécessaire d’aligner 250 heures d’entrainement pas semaine pour espérer finir un IM, s’il n’y pas d’objectif de qualification pour Hawaï ou de performance. Puis, au détour d’un post, je tombe sur la mise en place d’une première (c’est toujours sympa les premières), pas loin de chez moi : une distance Ironman dans les Pyrénées, avec des plaies et des bosses annoncées. Enfin, surtout des bosses.
      Le choix de l’épreuve.
      J’ai trouvé mon IM. Entre temps, j’ai changé de boulot et peux m’entrainer à nouveau entre midi et deux. Ma douce à l’air d’accord, sans trop y prêter attention. Ce sera sa première erreur. Je peux commencer à y croire. Reste à se préparer assez sérieusement, surtout dans la tête. J’ai choisis l’Altriman comme premier IM car je savais que c’était le seul où je n’allais pas m’enflammer avant le kilomètre 42 du marathon. De plus j’espérais que la beauté des paysages me permettrait d’oublier plus facilement mon envie d’envoyer du watt sans penser à demain. Lendemain qui souvent se pointe largement en avance pour te rappeler qu’encore une fois, tu vas avoir du mal à finir ton triathlon. Bref, après moult tergiversations avec moi-même, je me renseigne, commence à valider l’emprunt du camping-car familial pour la logistique, planifie les congés, charge la mule à l’entrainement, et surtout commence à en parler autour de moi pour ne plus pouvoir me défiler du genre : « les sangliers avaient mangé des cochonneries, le terrain était trop lourd …. »
      S-1.
      J-7 : Récupération du camping-car couplée avec celle des mouflets en vacances chez papi/mamie le week-end précédent l’Altriman. J’ai profité de la semaine sans les loustics pour faire réviser le vélo, juste un peu de jeu aux roulements arrières mais « il faudra faire avec, y’en a plus mon bon monsieur ». Après tout, si les roulements ont tenu les 3000 kilomètres qui les séparent du début de leur carrière, ils feront bien un effort pour 200 petits kilomètres supplémentaires. Une demi-traversée de France plus tard, nous sommes sur le site le jeudi soir. La météo annonce de la pluie et du froid pour le vendredi, et juste du froid pour le samedi, jour de la course. Tant mieux, je préfère éviter la canicule pour une petite sortie vélo vallonnée de 188 km.
      J-1.
      Le lendemain, nous comprenons vite pour quoi le Capcir est appelé la petite Sibérie. Le vent souffle, il y a du brouillard, on ne distingue pas les berges opposées du lac et il caille vraiment fort. De plus, difficile d’expliquer à Elsa, la loustic numéro deux, que non, on ne peut pas faire du pédalo avec le toboggan qui tombe dans l’eau quand le lac est recouvert de 10 centimètres de glace. J’exagère à peine. Sur ce, récupération du dossard, prise de contact avec deux, trois triathlètes sérieux qui ont reconnu le parcours vélo. J’ai préféré m’abstenir, de peur de ne plus avoir du tout envie de monter sur le vélo après le plouf. En gros, c’est du lourd, du très lourd et ça va faire mal. Gloups.
      Après-midi passée à préparer les sacs de la course. Brainstroming sur quoi mettre pour quel ravitaillement. C’est décidé, premier sac au kilomètre 76 : chasuble coupe-vent plus manches et mitaines. A l’heure où je passerai, il devrait commencer à faire chaud. Pour le deuxième sac, km 133 : mitaines et coupe-vent au cas où j’aurais décidé de garder la veste d’hiver au premier tour. Plus crème solaire, et deux bidons de 800ml de boissons énergétiques, plus barres, gels et de quoi tenir un siège dans chaque sac.
      Le briefing.
      Le soir, briefing. Premier point : c’est un triathlon de montagne. Sans rire. Benoit insiste sur la nécessaire prudence pour aborder une petite route ouverte à la circulation, qui tournicote sans visibilité en descendant très fort bordée d’un ravin avec des gravillons et des trous. Le décor est planté. Le point d’orgue est l’annonce, après l’énoncé du col de la Quillane (il est vrai plus proche du gros faux-plat que d’un vrai col), du col de Llose, du col de Creu, du port de Palhière, du col de Pradel, d’un petit taquet pas long mais bien raide, qu’arrivé au kilomètre 140, nous débuterons la partie la plus dure du parcours vélo. A cela s’ajoute une route récemment refaite pleine de gravillons dans la descente du col de Pradel, une tranchée spéciale dédicace DDE dans le village au pied de celui-ci, et cerise sur le gâteau, une rave-party programmée dans le coin, mais on ne sait pas où. Gaffe aux voitures sous ecstasy. Mais quel con, qu’est-ce que je fais là, je vais me réveiller, ce n’est pas possible. M’enfin, c’est trop tard. Et ce n’est pas l’annonce que le marathon est bien raide lui aussi, avec notamment une cote de 1,5km à 10% qui changera grand-chose. J’y suis, j’irai au bout. Enfin, j’essaierai.
      Le jour J.
      Le parc à vélo.
      Samedi matin, 3h00. Après une nuit moins terrible que ce que je pensais, je me lève, avec juste une demi-heure d’avance sur le réveil. Soit. Café, gâteau énergétique, popo de la peur (acte I après le popo de la nuit d’avant course et le popo de la veille du matin, le popo de la veille du midi et le popo de la veille du soir, si cela avait été l’IM du popo, je partais avec cinq longueurs d’avance). Vérification de dernière minute, chargement des sacs et zouuuuuu, gaz vers le parc à vélo. Je ne croyais pas si bien dire. A peine arrivé sur place, dépose des bidons sur le vélo quand, damned, il me restait le retour du popo de la peur. Un petit aller-retour vers le camping-car (je ne me voyais pas déposer les multiples couches de vêtements empilés sur la trifonction en plein vent par un petit 3° pour valider que le popo en pleine nature permet de communier avec les éléments ; j’ai préféré la chaleur douillette d’un lieu bien connu). Bref, il est 5h15. J’arrive pour la deuxième fois au parc à vélos, j’ai juste ma combinaison à mettre, préparer mes transitions, exercices dans lesquels j’ai rarement excellé, et déposer mes sacs de ravitaillement perso pour le vélo). A mon retour, je suis accueilli par le Coach, éminent membre de la communauté onlinetri, qui est à deux places de moi. Il vient de reconnaitre mon vélo Milka. On prend le temps de parler cinq minutes histoire de se réchauffer dans la tête, puis chacun vaque. Tout est bouclé à 5h25 quand je sors du parc vélo avec mes deux sacs à déposer près de la tente des inscriptions qui est fermée et où il n’y pas âme qui vive. Diantre, me serais-je fourvoyé ? Je demande poliment à un bénévole présent où déposer les sacs, et il me montre un endroit éclairé comme en plein jour, avec des néons qui clignotent de partout et des flèches qui indiquent : ravito perso Gesse, Mijanes, c’est ici. Si je vois aussi bien les bouées de la natation que ce truc, ce n’est pas gagné. Bref, 5h29, après m’être niqué 25 fois les pieds sur 250 pommes de pins semées par des sadiques sur le parcours non éclairé qui séparare le dépôt des sacs de la plage de départ (je n’aurais pas dû couper dans le sous bois) j’y suis enfin !
      La natation.
      Je me retrouve avec 120 pingouins qui semblent tout juste remis de retrouver des morceaux de leur banquise à cette latitude. Une âme charitable déjà prête ferme ma combi. Je rends la pareille à un autre triathlète encore plus à la bourre que moi, mouille les lunettes (ouch, elle est bonne). Il est vrai qu’au coup de fusil (et oui, c’est plus local qu’au coup de pistolet), en passant d’un extérieur à 3° à une eau à 15°, elle parait bonne. C’est parti. Premier moment magique, il y en aura plein d’autres, ce départ aux feux de Bengale. Je distingue mes mains et les traits blancs de ma combi rougis sous l’eau, les étoiles sont au dessus. Pas de bousculade, pas de machine à laver comme c’est l’habitude dans tous les bons comptes-rendus d’Ironmen. Je pose d’entrée ma nage (si tant est que je puisse poser une nage bien perfectible encore), et je me règle sur les phares de la voiture à l’autre bout du lac. Quelques mouvements de crawl de water-polo me permettre de m’orienter facilement.
      A part une paire de pieds qui m’est passée sous le nez de droite à gauche puis de gauche à droite, rien à signaler. Je repère un petit groupe de nageurs à ma gauche, et un autre à ma droite, et en 300 mètres je suis seul, peinard. De toute façon, je n’ai jamais suivi de pieds, je n’ai pas confiance. Je continue de jeter un œil de plus en espacé pour me diriger. Fichtre, le vent, ou le clapot, ou le Gulf Stream me déporte sur la gauche. Qu’à cela ne tienne, je mets la barre un poil à droite, et zouh … que du bonheur. Toujours seul. Il fait encore bien nuit, je distingue un canoë devant moi qui occulte les phares (que je soupçonne ne pas être d’Alexandrie à raison) tant désirés. La tête de la course ne doit pas être loin. A part un boulet comme moi qui ne sait jamais nager vraiment souple (j’ai peur d’avoir trop froid), les cadors doivent prendre leur temps et je dois les suivre de « presque » près. De toute façon, je n’ai pas de prétention de chrono, juste celle de ne pas me fatiguer en natation.
      Arrivé quasiment dans les phares, il fait toujours nuit. Je tombe sur un canoë qui me crie dessus. Le temps que je comprenne, j’aperçois la bouée à contourner 30 mètres plus à gauche. J’avais raison. Les phares n’était pas d’Alexandrie, et surtout mal positionnés. Je ne leur en veux pas car j’imagine que cela n’a pas dû être simple de se positionner pile-poil. Je fais donc les 30 mètres supplémentaires sur ma gauche pour récupérer la bouée, et hop, gaz sur la deuxième qui me tend les bras à 200 mètres. Je croise au passage des nageurs qui n’ont pas encore vu la première bouée et ont suivi la même trajectoire que moi une minute plus tôt. C’est juste là, les gars. Je passe la deuxième bouée et hop, retour vers le site.
      La deuxième traversée se passe sans encombre, sauf que le jour tarde à se lever. A droite, la rampe d’éclairage doit être celle de la plage de départ. A gauche, l’halogène semble être celui placé à l’extrémité du parc à vélos. Je me dirige donc vers celui du milieu, qui doit indiquer la sortie à l’australienne. Au milieu du lac, j’arrive à suivre un canoë qui- j’espère secrètement -se dirige vers la sortie. Je n’ai même plus besoin de relever la tête pour voir sa lumière. Je la distingue sur le dessus de mes lunettes en nageant normalement.
      Nickel, je passe à 15 mètres de la bouée intermédiaire qui est quasiment à la fin du premier tour. Le temps de réfléchir (l’eau froide ralentit des neurones déjà fortement occupés à la nage) et super-zut, je suis passé à droite alors que j’aurais dû la laisser à main-droite. Qu’est-ce qu’il fout ce canoë ??? Il partait chercher des clopes ? Le doute s’installe et j’ai la flemme de faire 100 mètres de détour pour reprendre correctement la bouée. Surtout que maintenant je vois le public, la plage de sortie, les arbitres et le canoë qui semble me dire de sortir au droit. Merci mon gars, finalement c’était sympa de faire la trace pour ma pomme. Un vrai traitement de star. Jusqu’à ce que je sorte de l’eau, et que j’entende le speaker crier : « Et voici le premier nageur qui sort de l’eau ».
      C’est fou que je ne l’aie pas vu dans la traversée, je respire pourtant des deux côtés. Et il est sorti où de l’eau, je le vois pas. « C’est le numéro 105, Sylvain LORIOT de l’UA Tarbes Triathlon ». Sans déc, y’avait un apéro au milieu du lac que j’ai loupé, et ils y sont tous, ou quoi. Non, non. « Il a une confortable avance sur ses poursuivants …. » les bras m’en tombent, et je vacille un peu d’ailleurs, je dois avoir un peu froid. Bref, je fais mon australienne, qui consiste à courir sur un ponton, lequel, comme tout ponton qui se respecte passe son temps à se balancer et à vouloir me renvoyer dans l’eau avant la plage destinée à cet effet. Je suis sur un nuage. Sans rire, je suis devant !
      Je profite du deuxième aller pour réfléchir un peu. Petite frayeur quand je ne distingue plus les phares qui permettent de se repérer mais heureusement ils se rallument 30 secondes plus tard. Le canoë m’explique que la voiture s’est repositionnée, expliquant l’éclipse momentanée. Je souffle. Je finis par me dire qu’en l’absence de prime, les pros n’ont pas fait le déplacement (ce qui n’ôte rien à la perf des premiers de la course) et que les triathlètes présents doivent surtout être des rouleurs-coureurs plutôt que des nageurs). Mais ne boudons pas notre plaisir de sortir premier de l’eau en 59’59 (je voulais faire moins d’une heure, na) non sans avoir attrapé deux splendides crampes au mollet droit, puis au gauche à 300 mètres de la sortie de l’eau. Super zut, j’avais pourtant bien pensé à bouger les jambes plus que régulièrement pour éviter l’engourdissement. Le froid aura eu raison de moi, ou alors, j’ai pris des mollets et ma combi est trop petite.
      Le vélo.
      Premier entré dans le parc, et chose surprenante, premier sorti, malgré l’oubli de gants d’hiver qui m’a imposé un petit aller retour express pour les récupérer. J’ai la voiture ouvreuse juste devant moi. Je savoure, je profite, c’est à mon avis pas près de se renouveler. Place au vélo maintenant, surtout ne pas s’enflammer. Je me mets en route tout doucement. Si doucement que la voiture ouvreuse passe son temps à me lâcher. J’ai peur qu’il cale tellement je me traîne. Je suis sur la rive opposée du lac, de laquelle je peux voir les derniers concurrents qui finissent leur parcours de natation. Juste au dessus, les Angles se réveillent, encore bien au chaud sous la couette. Et encore au dessus, je n’en reviens pas, les sommets sont recouvert de neige fraîche. Pas de quoi s’éclater en monoski, mais un vrai saupoudrage en règle quand même. Je comprends mieux cette impression de fraîcheur au niveau des cuisses.
      Ca y est, les premiers « vrais » triathlètes me passent à l’abord du col de la Quillane, que j’aborde avec circonspection. Rester frais jusqu’au kilomètre 140 impose de se retenir, quoique je sois déjà bien refroidi. Je bois et m’alimente plus que de raison en boisson énergétique et en gels en me disant que cette petite trempette à bien dû taper dans mes réserves, heureusement assez conséquentes chez moi. J’ai bien fait de garder un peu de ma petite laine personnelle et de ne pas trop chercher à m’affuter et à perdre du poids, finalement.
      Les kilomètres défilent, le jour finit de se lever et je n’ai qu’un mot à dire, c’est beau. J’arrive sur le début du col de la Llose. De premier, je suis maintenant 10ème au 10ème kilomètre. Super zut, à ce rythme là, je n’arriverai jamais au 188ème kilomètre, il n’y a que 120 participants. M’enfin, je prends l’ascension tout à gauche. Rester frais qu’ils disaient. Je bascule au sommet après avoir vu passer encore deux ou trois autres concurrents. Et je n’ai pas fini. J’attaque la descente, petite route mais vallée magnifique. Le paysage est à couper le souffle. Enfin, c’est surtout un rayon de ma roue avant qui se coupe. M…. Ce n’est pas vrai, un rayon tout neuf qui a à peine servi !
      Même pas paniqué, avec juste l’angoisse de devoir m’arrêter à cause d’un bête problème technique, je me gare sur le côté vers un groupe de bénévoles. Merci à la charmante demoiselle qui m’aide à virer le morceau du rayon qui pendouille près du moyeu tandis que j’entortille comme je peux le morceau fixé dans la jante autour d’un autre rayon pour éviter qu’il ne se coince quelque part. C’est bien ce que je craignais, il y a vraiment du voile dans la roue. C’est donc pour ça qu’ils mettent des rayons, pour que la jante passe sans frotter entre les patins de freins. Je décoince la manette gauche afin de relâcher lesdits patins de freins et que cela ne frotte plus qu’un petit peu quand la roue tourne. Une petite pensée émue pour mon vélociste préféré qui m’a montré récemment comment écarter les patins de freins avec des poignées Campagnolo. Cela fait juste 6 mois que je sais comment faire.
      Je repars avec un peu d’appréhension en voyant la roue avant qui navigue du patin gauche au patin droit dans une petite route ouverte à la circulation, qui tournicote sans visibilité en descendant très fort bordée d’un ravin avec des gravillons et des trous. Gloups. Ce qui m’inquiète, c’est que je n’ai fichtrement pas la moindre idée du degré de dangerosité de l’affaire. Je serre des freins et des fesses pour descendre et ne compte plus les fusées qui me déposent. Je m’arrête au ravitaillement pour demander s’il est possible de trouver une roue quelque part. Après un appel auprès des organisateurs, c’est négatif.
      Juste un grand sentiment de gâchis m’envahit. Je pousse un peu loin et m’arrête. Moi qui ne pars jamais avec un portable à l’entraînement, j’en ai mis un dans ma poche pour pouvoir envoyer des textos à quelques amis qui me savaient sur l’Altriman, afin de faire mon auto-tracker. Peut être que le téléphone va passer, bien que je sois dans une vallée profonde, étroite, magnifique et désertique. Je le savais, il y a un dieu pour les triathlètes !
      J’arrive à appeler ma douce, et lui demande si elle ne peut pas trouver une roue sur le village, et me l’envoyer en colis express par satellite. Et dire que j’ai failli venir tout seul parce que j’avais peur que les loustics ne s’ennuient. Ils ont été adorables quand maman leur a dit qu’elle devait les laisser tous seuls pour trouver une roue pour papa. Je ne serai jamais assez reconnaissant envers ma douce qui s’est démenée pour me trouver une roue avant de 700 (c’était pourtant une langue étrangère pour elle). Je n’ai pas fini d’en prendre des tours de vaisselle. Enfin, elle s’est démenée, il ne faudrait pas exagérer. Elle a posé la question à une personne de l’orga qui lui a répondu : « oui, j’en ai une dans ma voiture, je peux te la passer. » Quoi, il l’a tutoyée, mais il ne me connaît pas le bonhomme. Pour un peu je lui fais la bise, cash. Il aura mérité au moins une bière, si jamais j’arrive au bout.
      Reste à m’amener la roue, et je ne vois pas ma douce prendre le camping-car pour passer sur des routes où il est déjà difficile de se croiser à vélo. Deuxième question à une deuxième personne : « ben je vous emmène. » Quand je vous dis que l’orga et les bénévoles ont été exceptionnels, des anges, aux petits soins pour nous. Après un rapide briefing avec les petits pour les laisser tous seuls un peu plus longtemps (pour les pompiers, c’est le 17 et le SAMU, c’est le 15), elle s’embarque en dépanneuse-fourrière à l’assaut des petits routes des Pyrénées, avec sa roue dans la main. Et moi, sur mon vélo, j’en suis tout ému comme un couillon que tout soit allé si simplement, juste qu’il me faut finir cette descente dans ce cadre magique en serrant un peu les fesses. D’un autre côté, ça réchauffe.
      Pourtant, je suis transi de froid, j’ai le dos qui me fait mal tellement il est contracté dans cette descente qui n’en finit pas, et je ne sais même plus si mes doigts sont encore attachés à ma main. Je vois un concurrent prostré dans un coin, transi de froid. Pas la peine de m’arrêter, je suis déjà à l’arrêt. Je lui demande si ça va, il me répond très lucidement : « Pas de soucis, je me réchauffe les mains. » J’hésite à l’achever pour lui piquer sa roue avant, puis je continue, magnanime. J’arrive en bas du col de la Llose pour un magnifique tout à droite, tout à gauche, qui deviendra vite une habitude sur ce parcours. En fait, deux plateaux et deux pignons auraient suffi : un 53/11 et un 30/29. J’arrive à desserrer les fesses afin de me remettre à pédaler, parce que ça monte.
      Juste un peu frustré de savoir que mes patins de freins me ralentissent à chaque tour de roue dans un col. Je suis sûr que j’ai perdu largement deux ou trois heures dans l’histoire. L’ascension du col de Creu, elle aussi magnifique, se poursuit au rythme des coureurs qui me rattrapent. Un « Aller Asmath » me tire de ma contemplation. Le Coach me dépasse tranquillement, on s’encourage mutuellement et l’ascension reprend. Soudain, surgit de nulle part, un cavalier court vers l’aventure au galop. Ma rouuuuuue, ma rouuuuuue arrive dans sa dépanneuse. Un grand ouf de soulagement, le temps de récupérer l’attache rapide, de constater avec soulagement que c’est la bonne taille, qu’elle a gentiment été gonflée tout comme il faut, je repars le cœur léger.
      Le col est encore plus magique, et les écarts se stabilisent avec les autres concurrents. Encore une petite angoisse le temps que ma douce me redouble dans sa dépanneuse et m’envoie un texto comme quoi tout baigne au camping-car, même si les petits commençaient de trouver le temps long. Je rejoins le Coach sur le haut du col, et fait la descente dans sa roue, à distance jusqu’à Matemale. J’en suis à je ne sais pas combien de kilomètres, puisque ma roue avant ne porte pas de capteur pour mon compteur. Aucune idée des vitesses atteintes dans les descentes, ni de la vitesse en marche arrière dans les montées. Au passage des 40 km, 3h30 depuis le départ, 2h30 de vélo. Un rapide calcul m’amène à une estimation de mon temps vélo d’environ 12h30. Largement hors délai. Pas glop. Mais où avais-je la tête, n’ai-je point été quelque peu retardé avec cette roue avant ? Une rapide correction à la louche d’une demi-heure m’amère à un temps vélo de 2h pour 40km soit 10h pour 200 km, avec la correction liée à la variation d’amplitude saisonnière du méridien de Greenwich et en incluant l’âge du capitaine, ce devrait passer juste, mais ce devrait passer.
      Le long faux-plat pour descendre au pied du port de Palhière se fera en compagnie du Coach. Puis soudain on nous indique de prendre à gauche. Encore un petit coup de tout à droite, tout à gauche, et nous commençons l’ascension du Port. Assez rapidement, nous sommes mis dans le bain. 16 km, 1500m de grimpette, 9% de moyenne avec des passages à 10%, cela va être délicat de monter en souplesse. Le Coach s’éloigne peu à peu. Je profite lâchement d’un arrêt pipi de sa part pour lui repasser devant. Peu avant le premier ravitaillement perso de Mijanes, je suis déposé par Antoine, autre membre éminent d’onlinetri, qui a décidé au dernier moment de faire l’Altriman, sans entraînement et avec un vélo d’emprunt. Respect.
      La pause s’impose au ravitaillement, et là, cruel dilemme. Je garde la veste d’hiver ou j’enchaine avec chasuble, manches et mitaines. Un bref regard autour de moi, beaucoup repartent plus court. Je m’allège donc. Un bénévole me précise qu’il fait 0 avec du brouillard et du vent là-haut. J’hésite longuement et prends la décision de rester en court. D’ici que j’arrive au sommet, le soleil aura fait fondre la neige. Le temps d’échanger quelques mots avec le Coach qui m’a rejoint, et nous repartons de concert.
      Il part peu à peu devant quant il s’arrête pour régler son dérailleur. Je continue à mon rythme, c’est à dire juste ce qu’il faut pour ne pas verser dans le fossé. Il y a du vent de face glacial, la pente est raide mais qu’est-ce que c’est majestueux. On ne distingue devant que des montagnes raides qui nous surplombent. Pas d’autre échappatoire que de monter encore et toujours. Cela va être long, très long. Il n’y a plus de concurrents qui me doublent, ou alors on joue au chat et à la souris. Je continue à mon train de facteur. Frais au 140. Frais, d’accord, mais pas congelé. Pourtant je ne suis pas loin de l’être, en un ou deux mots selon le point de vue que l’on se adopte. Je commence à angoisser pour la descente.
      Et pourtant, je monte. Les kilomètres à 9% succèdent à des kilomètres à 8% qui succèdent à des kilomètres à 10%.Le soleil finit par me réchauffer un peu et je termine l’ascension dans un paysage lunaire avec une vue exceptionnelle, sauf que sur la lune, il n’y a pas de vent. La perspective des lacets qui plongent dans la vallée est superbe. J’ai une petite angoisse quand je n’arrive pas à voir de trace du Coach dans les lacets en dessous. J’espère qu’il a pu continuer.
      Juste avant de basculer, je dépasse un espagnol qui n’a pas l’air bien. Je l’encourage comme je peux, et je ne peux m’empêcher de penser qu’il est mal barré s’il commence à coincer maintenant. Je récupère des journaux que je glisse sous la chasuble au ravitaillement du haut du col et me lance dans la descente. Ca va vite, très vite. La route est sèche, et sans prendre de risque inutile je me fais plaisir. J’en oublie la fraîcheur somme toute très supportable.
      Le pneu arrière encore fumant des relances monstrueuses en sortie d’épingle, on m’indique le début du col de Pradel, à droite. Et là, je me rappelle que j’ai des mitaines, et j’ai failli ne pas pouvoir faire le traditionnel tout à droite, tout à gauche tellement je ne peux plus appuyer sur les leviers de changement de vitesse à cause des doigts engourdis par le froid. Mais ça passe quand même. Le temps de m’arrêter poser les journaux dans une poubelle et je me relance. Le col du Pradel. 7km, 8% de moyenne, 9% en maximum. Une blague après ce que je viens de faire. En plus, le soleil me réchauffe agréablement, je me félicite rétrospectivement de mon choix de tenue car la veste d’hiver aurait été bien trop chaude. Je continue à voir passer des coureurs mais ils me dépassent moins franchement qu’au début.
      Normal, il ne doit plus y avoir grand monde derrière moi. Premier kilomètre à 8,1%. OK, envoie. Du velours. Deuxième kilomètre, 8,1%. Trop fac’, fait péter la roteuse, c’est moi qui régale. Un petit calcul rapide me fait espérer une fin de col très aplati, dans la mesure ou j’ai déjà effectué 160 des 600 mètres de grimpette à faire, et qu’il reste 4 km pour les faire. 3eme kilomètre, 9,1%. Bon, on va prendre le temps de voir venir, et je reprends mon costume d’employé des Postes Télégraphe et Téléphone. 4ème 6,1% Je m’esclaffe, je me gausse, quelle bonne blague. Tu as joué à me faire peur, petit col canaillou. Oui, mais les 500 premiers sont en faux-plat descendant, voir carrément en descente. C’est bien, ça repose, mais il va bien falloir les trouver les 60 mètres de montée du kilomètre. C’est simple, ils arrivent tous ensemble sur les 500 mètres qui restent. Un mur à 10-11% selon l’échelle de référence. Et à la vitesse à laquelle les autres triathlètes qui m’ont dépassé le sourire aux lèvres ont l’air de souffrir, je m’attends à du lourd, du très lourd.
      Bingo. Mais bon, étonnamment, le corps répond bien, et ça passe. Le reste du col me réserve encore quelques surprises, mais beaucoup plus courtes que ce coup de cul sorti de nulle part. Par contre, l’odeur entêtante des ceps m’enivre et me ravit. Pour un peu, je faisais comme ce VTTiste perdu dans les bois qui doit se régaler d’une omelette à ma santé. Mais, bon, je n’ai ni mon couteau, ni mon sac plastique, alors je continue. Petite alerte stomacale. L’impression que mon ventre gargouille et m’avertit que ça commence à suffire cette gastronomie chimico-sportive. Une barre de céréale plus tard, tout semble rentrer dans l’ordre. Pfiouuuuu.
      D’autant plus que je n’ai toujours pas commencé le vélo. Frais au 140. Cela commence à me paraître plus compliqué maintenant. Enfin je distingue le haut du col et je bascule dans une descente comme je ne les aime pas. Gravillons, ombres, traces d’humidité. Je laisse passer trois concurrents pour ne pas trop les ralentir et reprends la descente. Cela me permet de me réchauffer les fesses qui s’ennuyaient un peu. Arrivé à la tranché de Fageole, je me pose trente secondes pour souffler au ravitaillement et me relance dans la descente sur une route carrément large (on doit pouvoir y passer à deux voitures presque sans mettre une roue dans le fossé) et tout simplement exceptionnelle, avec des passages sous la roche taillée, un défilé, des gorges. Un régal pour les yeux, et pour la joie de prendre des virages sur une route sèche et avec de la visibilité.
      Soudain, un homme en orange. Le vieux réflexe du droite/gauche, mais facilité par une inédite sensation de chaleur dans les doigts, et boooooum. Un taquet de plus, un vrai. Long, très raide. Pourtant, j’aurai juré que c’était 120 le kilométrage. Tiens d’ailleurs, et mes calculs de pronostics. 8 heures depuis le départ, soit 7h de vélo. Gloups. 10h30 alors que j’ai mangé mon pain blanc, puisque je suis largement en dénivelé négatif. Cela commence à sentir le roussi pour les délais. Grrrrrr, j’ai encore oublié cette satanée roue avant. M’enfin, pas de quoi se sentir rassuré. Bon, de toute façon. Frais au 140, sinon, cela ne passera jamais. Le temps de voir passer deux ou trois des autres triathlètes que j’avais doublés à la faveur de leur ravitaillement et le haut de la bosse m’apparaît en même temps que je ressens au fond de moi cette douce mélopée lancinante du 180 bpm d’une rave bien lancée. A moins que cela ne soit mon cerveau qui Soubiroute, le fait d’entendre ces coups de basses au milieu d’une grimpette dans une gorge a priori coupée du reste du monde est assez surréaliste.
      J’en arrive à oublier de remettre du braquet à la sortie de la bosse, ou, rare moment de répit, nous enquillons un peu de faux-plat avant d’attaquer la descente sur Gesse, deuxième ravitaillement perso du vélo , et le vrai début de la partie vélo. Sans blague, les 7h et des patinettes, c’était pour du beurre ?
      Cela devient lassant, mais le paysage est toujours aussi fantastique. En tout cas, mes yeux et ma tête ne sont pas prêts de les oublier. Mes jambes non plus ! Arrivé au deuxième ravitaillement personnel, malgré la fraîcheur de la descente, je passe en mode été à savoir trifonction-mitaines, et je vire le morceau de tissu qui m’a gardé la tête au chaud jusque là. Deux nouveaux bidons remplis à ras bord, et hop, direction le 140. Je suis aussi frais que je pouvais, advienne que pourra. Quelques bribes de conversations échangées par les autres triathlètes me rappellent que pour un passage limite à 14h15, il est juste 14h10. Et le plus dur reste à faire. Encore un peu de calcul mental, et hop je me projette en 12h00 de vélo. Trop , beaucoup trop. Arggggg, cette satanée demi-heure de roue avant. Mouais, bof, cela me juste en 11h15 en approximant à donf. De toute façon, il me faudra aussi courir. La descente dans la vallée de l’Aude est sympa. En tout cas, je suis plus à l’aise avec mon vélo qu’avec le camping-car deux jours plus tôt. Les défilés m’ont de suite paru plus larges.
      Sauf que, n’ayant plus aucune notion de la distance, je passe le kilométrage 140 très vite à après le ravitaillement, et n’aperçoit plus de signes de course pendant un moment que je trouve trop long. J’ai loupé une marche, une route cachée derrière un rocher, sous la centrale EDF. J’angoisse à l’idée d’être perdu et de devoir remonter ne serait-ce que ce faux plat. Non. Un homme en orange me rassure, tout en me rappelant l’impérieuse nécessité de remettre tout à gauche. Ainsi commence le col de Garavel, surtout difficile sur le départ, dixit le briefing.
      Ben non, même pas. Il passe tout seul, je rattrape même un concurrent. Je vole sur la route, je suis super bien. Je me méfie, c’est louche. Ne pas s’enflammer. Je me remets en dedans, m’alimente, m’hydrate. Un petit coup de moins bien au niveau du ventre qui se traduit par la barre de céréale miracle. Cela remarche. Un petit village arrive (Colombe), et là, je devine de suite que je m’étais juste trompé de quelques kilomètres. Je n’ai pas encore tout bien suivi au briefing. Il me faudra prendre des notes la prochaine fois.
      La route, magique elle aussi, dans une petite gorge sans vent, en plein soleil, monte, monte, monte… je double un autre concurrent qui à l’air d’être à la peine. Je prends mon rythme et m’attends à souffrir. C’est long, magnifique, mais long. Je ne sais pas combien de temps, mais cela monte sans jamais relâcher, sous un soleil de plomb. J’arrive enfin à Roquefort après avoir rattrapé un autre concurrent qui me précise que cela va bientôt se relâcher. Oui, mais c’est encore long je trouve. Et au moment ou le terrain s’adoucit, le vent se lève. Et toujours ce délai qui me tiraille. Je préfère quand même continuer à passer souple. Je rattrape Léo, clermontois croisé la veille à la sortie de l’inscription. Il a reconnu le parcours, mais pas ma pomme. Il m’a aussi fallu un certain temps avant de le reconnaître, en tenu de triathlète.
      L’effort nous rapproche. La fin du col permet de faire plus ample connaissance. Il me prévient de me méfier du petit taquet qui est en plein milieu de la descente suivante car il est surprenant et désagréable à passer sur le gros plateau. Je prends acte, et le laisse satisfaire une envie naturelle en profitant d’un paysage toujours superbe, pendant que je plonge dans la dernière descente du parcours.
      Je peste juste un peu contre un vieux con qui manque de me balancer dans le vide car la route est étroite et qu’il veut absolument me dépasser, pour m’obliger à prendre les freins dans les virages parce qu’il roule comme un boulet. J’arrive encore à avoir assez d’énergie pour m’énerver, c’est bon signe. Je le suis jusqu’au croisement où, paniqué par les bénévoles qui m’ouvrent la voie, et donc la sienne aussi, il me force à piler car il s’arrête en plein milieu avant de comprendre qu’il lui faut passer. Ce qu’il fait prestement car il a sans doute deviné mes intentions retroviseuricides une fois que mes doigts se sont désincrustés de mes poignés de freins.
      Les encouragements du Coach que je découvre assis à l’ombre de la voiture balai m’ôtent toute velléité revancharde. Je lâche un gros merde de dépit de le voir ici, vite rassuré lorsqu’il me répond que tout va bien pour lui. Il ne s’est pas fait mal, mais j’apprendrai par la suite qu’il a secouru un autre membre d’OT, poindemie qui s’est bien amoché dans la descente sur Gesse, le deuxième ravitaillement. Pour l’instant, je m’approche du grand faux-plat du kilomètre 163 et de sa petite séance de 3km à 12%.
      La vue de l’orange me fait mécaniquement passer le tout à gauche. Petite satisfaction personnelle puérile, la Porsche aperçue juste derrière moi quand je prenais la route descendant sur Escouloubre ne m’a pas rattrapé. Ce n’est pas tout le monde qui pourrit une Porsche à vélo. Même Arnaud Tournant ne doit pas le faire tous les jours. Ceci étant, je me pose au pied du mur, souffle un coup et m’inquiète auprès de l’arbitre du timing pour les délais. Il me dit qu’à priori on aura droit à une rallonge, mais bon, ce n’est pas le tout, j’ai une petite bosse à monter. Léo me rejoint et prend un peu d’avance. Un concurrent passe sans s’arrêter et sans écouter l’arbitre qui lui conseille de tout passer à gauche. L’arbitre ayant déjà fait Embrun, je l’aurais écouté, personnellement. Bien vu, au premier virage, je le découvre en train de relever son vélo. Pas eu le temps de déclencher quand il s’est retrouvé à l’arrêt. Il maugrée mais m’indique que tout va bien.
      Je poursuis mon chemin, sur une route ombragée mais pentue. Je suis surpris, cela passe plutôt bien. Je rattrape Léo et le double doucement, quand une fusée rouge et noir, des Aquacylopédus de Provins me dépose littéralement. C’est Christophe, dont la vitesse en côte n’a d’égale que sa gentillesse comme j’aurai l’occasion de le découvrir plus tard. Je poursuis mon ascension sous le soleil, les infos de Leo s’avérant exactes. L’ombre n’aura eu qu’un temps. Je profite du replat pour traverser un village, trop court à mon goût, pour me régaler de groseilles, fraîchement cueillies et gentiment tendues par une autochtone, avant de me dépêcher de reprendre les cocottes et la danseuse car la grimpette recommence de plus belle. Alors que je pense en avoir fini en basculant au-delà d’un BRAVO tracé à la peinture sur la route, je reprends un mur 200 mètres plus loin, puis encore un autre … L’absence de compteur me permet d’éviter la déprime. De toute façon, les compteurs à vitesse négative, cela n’existe pas.
      J’atteins enfin le ravitaillement de Querigut signalant la fin des hostilités, et le début de partie plate du col, enfin, du faux-plat à 6%. Partie que je fais de concert avec Léo qui m’a rejoint au ravitaillement. Nous finissons ce col des Hares à nouveau ensemble et au ralenti, il a même la gentillesse de m’attendre après que j’aie laissé échappé un gel par terre. Nous basculons enfin sur le dernier faux-plat ou heureusement le vent n’a pas molli, et surtout, est resté de dos. Le délai semble réalisable, sauf que Léo prend un coup de mou. Je me retourne pour voir s’il suit, à distance no-drafting réglementaire, et il me crie de prendre mon rythme. Je l’écoute. Le bonhomme ayant lui déjà fait Embrun, je lui fais confiance pour finir. Il arrivera peu de temps après moi au parc à vélo, dans les délais initiaux. Ceux-ci ont été prolongés d’une heure à la vue de l’arrivée tardive des premiers, qui joie, n’ont pas fini leur course à pied alors que je pose le vélo. Finalement, je ne me suis pas tant trainé que ça, Hormis le fait que j’ai dû faire le plus mauvais temps vélo. Parti premier et rentré quasiment hors délais, ce n’est pas mal, non ? Il nous avait été dit de profiter des paysages, j’en ai vraiment profité.
      Le marathon.
      La natation, c’est fait. Le vélo, c’est dans la poche. C’est quoi, après déjà ??? En effet, cela fait juste 12h00 que je m’agite, et je suis encore étonnamment lucide. J’arrive au parc, me faisant chambrer par le commentateur qui remarque avec pertinence que je suis plus à l’aise dans l’eau que sur le vélo. Et encore, il ne m’a pas vu courir. Les petits sont là pour m’accueillir et je les entends m’encourager. Paul court avec moi jusqu’au parc à vélo. Je me change, décharge mes poches des gels et barres énergétiques, prends ma casquette et mes jambes à mon cou ; non, finalement, je manque de souplesse. Je partirai donc d’un pas de sénateur accéléré. J’aperçois Léo qui est rentré dans le parc. On se donne rendez-vous sur le long parcours fait d’allers-retours. Je tape dans les mains de mes plus fervents et objectifs supporters. Les petits ont l’air d’avoir apprécié la journée frites / glaces / trampolines …
      Le premier passage de la digue me permet d’apprécier le paysage du lac de Matemale. De profiter de la gentillesse des bénévoles au ravitaillement. Le premier passage au lotissement du lac, une extrémité du circuit, se déroule sans encombre. Petit plaisir au ravitaillement : ils ont du saucisson qui a l’air fichtrement bon. J’en profite et repars vers le haut du lotissement. J’arrive à absorber un gel que je sens passer sans plus de conviction. Je prends mon (petit) rythme. Entre 8,5 et 9 km/h. Ne pas s’enflammer, un marathon, c’est long. Les jambes ne sont pas plus lourdes que ça. J’en suis étonné. Je repasse près du parc à vélo. Et hop : 9km de faits en 1h00. Ouch, cela risque d’être long, car je viens de passer la partie la plus facile du parcours. Nouveau shake-hand avec la petite famille, qui a toujours le sourire au beau fixe. Moi de même. Il fait bon, pas trop chaud. Nouveau passage au parc à vélo, je sors et je commence à attaquer la route qui monte aux Angles quand une fusée rouge et noire des Aquacylopédus de Provins me dépose littéralement. Cela devient une habitude. C’est le retour de Christophe, retardé au parc par un souci gastrique. Il va aussi vite à pied qu’à vélo. Mais l’écart se stabilise dans la montée et je me rapproche de lui. Je zappe le ravitaillement, première erreur, et repars donc avec lui. On discute, il m’explique le reste du parcours qu’il a repéré à la veille en VTT. Décidément, je suis un rigolo de m’être contenté des infos glanées sur le net. Il me lâche dans un petit taquet où je marche pour m’économiser, mais il s’arrête peu de temps après. Je le rejoins et nous repartons ensemble. Petit arrêt ravitaillement, où je sens qu’il ne faut pas trop en demander à l’estomac. Je me contente donc de coca afin de parer à tout désagrément.
      Nous abordons la bosse de 1km à 10%. Je marche d’entrée, en préférant garder de l’énergie pour plus tard. Excellent calcul, sauf que la nuit approche et le froid qui va avec. Mais pour l’instant, à la sortie du 16ème kilomètre, petit arrêt au ravitaillement et je repars avec Christophe. Mais je rame. J’ai cassé la machine. Je me suis refroidi et les jambes sont lourdes et commencent à tirer sérieusement. Je signale à Christophe de partir devant et je me laisse retrouver mon rythme Heureusement, cela descend doucettement jusqu’au lac de Balcère. Le coin est magnifique, paradisiaque et très calme. Le soleil couchant apporte une lumière tamisée apaisante. Je croise Christophe, ce qui me fait espérer un demi-tour pas trop loin. Je me permets un tour supplémentaire autour de la borne matérialisant l’extrémité du parcours. J’ai mal aux jambes, mais la tête va bien.
      Sur le retour, je souffle. Petit point avec moi-même qui va devenir mon leitmotiv jusqu’à la fin : « T’as mal aux jambes, bof, pas plus que ça, t’es fatigué, bof, pas plus que ça, bon, tu n’as donc aucune excuse pour marcher. » Je passe au semi en 2h45. Je suis au sommet du parcours, je vois le parc à vélo en contrebas, l’autre extrémité du parcours en face. Petit coup de mou, cela me paraît loin. C’est à ce moment que le soleil se cache derrière la montagne. Je me renseigne sur la tombée de la nuit. Il va me falloir passer récupérer ma frontale au parc. J’en profiterai pour prendre mon sweat de ville, car je suis d’un seul coup glacé par l’humidité et l’ombre qui tombent. Je doute sérieusement et j’angoisse de devoir arrêter maintenant pour une hypothermie. Heureusement, le parcours descend jusqu’au parc à vélo. Je prends la résolution de ne plus sauter de ravitaillement, j’ai besoin d’énergie. Je tourne au coca pour limiter les risques de courante, car je ne pourrai pas accélérer pour trouver un coin tranquille pour communier avec les éléments.
      Je croise le camping-car familial rempli d’une foule en délire sur la route du parc. Au ravitaillement précédent le parc à vélo, je suis rattrapé par Benoit, le responsable de cette grande folie. Je le félicite pour la superbe épreuve qu’il nous a concocté. Je ferai d’ailleurs de même pour tous mes derniers passages au ravitaillement où je remercie chaleureusement les bénévoles qui sont resté à nous chouchouter de 14h00 à 24h00. Benoit m’encourage en me doublant en voiture. Je suis toujours super lucide, mais la nuit tombe, et j’ai hâte de me couvrir. Je m’arrête donc prendre mon sweat et ma frontale. Le parcours en sous-bois se fait dans la pénombre. Surtout, ne pas se tordre une cheville ou marcher sur le pied d’un ours maintenant. Dernier passage aller sur la digue. Comme à chaque fois, les bénévoles nous encouragent. Le balai des frontales est féérique le long de la digue, mais il n’en reste pas beaucoup. J’arrive au ravitaillement au pied de la dernière boucle. Grosse frayeur au redémarrage. Malgré le sweat, je suis parcouru de frissons très désagréables. Je suis limite de m’arrêter, mais cela passe. J’angoisse encore plus d’arrêter maintenant. Je me console en me disant que je peux finir en marchant, puisqu’a priori je n’ai pas froid quand je marche. Mais cela me ferait râler. Je monte une deuxième et dernière fois au lotissement du lac. Je m’arrête en haut de la boucle pour voir les Angles s’illuminer dans la nuit. Je sais que je vais finir. Je le sens. L’émotion commence à me prendre à la gorge. Je me force à ne pas trop y penser et je redescends vers la digue. Petit arrêt au ravitaillement, nouveaux gros frissons au démarrage. Je remercie les bénévoles qui me donnent rendez-vous au podium d’arrivée. C’est surtout face au vent que je frissonne. Heureusement pour moi, c’est le dernier ravitaillement où le redémarrage se fait face au vent. La digue me semble longue, longue, seulement éclairé de ma frontale et de celle des autres concurrents, certains accompagnés de VTT ou de coureurs.
      Je sais que je passe les 36km sur la digue, j’ai eu le temps de le lire en passant lorsqu’il faisait presque jour tout à l’heure. Je réalise qu’il ne me reste plus que trois ravitaillements. C’est l’électrochoc. Nouveau petit point avec moi-même, je décide de partir comme si c’était le dernier kilomètre. Dernière pause au ravitaillement de la digue. Je passe prudemment le passage en sous-bois. Je dépasse quelques concurrents qui sont à l’arrêt. Je suis attristé de voir un concurrent s’arrêter au parc emmitouflé dans des couvertures de survie. Je le comprends car cet aller retour m’est à moi aussi apparu interminable en arrivant tout à l’heure. Mais pour moi, c’est le moment de mettre tout ce qui reste. Je viens de passer le 39ème km sur le ponton. Plus qu’un ravitaillement après celui-ci. Je repars comme un fou (à 9km/h, faut pas rêver, mais j’ai l’impression de voler.) Je ne sens plus la lourdeur des jambes, les genoux qui me tirent. Je réalise seulement après un ultime redémarrage que ma hanche ne m’a pas titillé de la journée. Je passe un dernier concurrent que j’aide à enfiler un gilet réfléchissant. Il m’en reste un juste devant moi. Je m’accroche pour ne pas ralentir. Il me largue dans la dernière petite bosse pour arriver à l’ultime ravitaillement, 200 mètres avant la ligne. Il a eu la sagesse de considérer que le dernier kilomètre commence à 41km et non à 36km. Ce n’est pas grave, je suis content pour lui car l’on s’est souvent croisé et encouragé sur le parcours. Toute la famille est là. Choupinette s’est endormie sur un banc, stage SDF. Paul sautille sur place. Dernière coquetterie, je pose mon sweat et mon gilet fluo, aimablement prêté par l’orga pour la partie sur la route. Je repars avec Paul, Laurence porte Elsa. Je n’arrive pas à suivre Paul, je récupère Elsa à l’entrée de la salle. Elle se réveille définitivement, vitesse grand V. Paul ne montera pas avec moi sur le podium, trop de bruit, trop de monde. C’est magique. Les arbitres me tapent dans les mains. Tout le monde applaudit, j’ai envie de prendre Benoit dans mes bras quand il m’accueille sur le podium. Clic-clac, la photo souvenir offerte par l’orga, Elsa dans mes bras. Le commentateur me félicite pour ma natation, et pour avoir fini. Je descends péniblement du podium. Je suis obligé de laisser Elsa par terre. Je tremble comme une feuille. Je l’ai fait. I’m an Altriman.

      Epilogue.
      A peine descendu du podium, je reçois le gilet sans manche en polaire de finisher. Il ne pouvait pas mieux tomber. Je suis gelé. Je retourne voir la petite famille. Les petits vont se coucher et je recherche l’arbitre principal. Je lui explique avoir loupé une bouée sur le premier tour et avoir bénéficié d’une assistance extérieure suite à la casse de mon rayon de roue avant. Il me répond posément que le premier tour natation a été rock’n roll pour tout le monde, et que la bouée que j’ai coupée n’étais pas de nature à altérer la superbe natation que j’ai faite (merci monsieur). Quant à l’assistance dont j’ai bénéficié, il est évident qu’il ne me disqualifiera pas pour ça dans la mesure où c’était une évidence d’un point de vue sécurité. Il me félicite pour ma course et je me dirige vers la salle de massage. Peut être pourrai-je marcher demain…
      Je félicite au passage les autres concurrents que j’ai croisés sur le parcours et avec lesquels nous nous sommes encouragés mutuellement. Je suis obligé de remettre la polaire sur la table de massage malgré l’ambiance surchauffée de la salle. J’y retrouve Christophe qui est arrivé peu de temps avant moi. Il me félicite. Lors de la sortie de la salle, je vois Léo assis avec une couverture de survie. Il y est arrivé lui aussi. Nous nous congratulons. Nous partons tous les trois à la recherche de la douche que l’on découvre sans éclairage, et surtout non chauffée. Christophe et Léo me félicite pour ma première distance Ironman et je file vers le chaud du camping-car pour récupérer mon vélo et mes affaires au parc. Je suis sur mon nuage, étonné d’avoir profité pleinement de cette journée. Je suis content d’être allé au bout, conscient de n’avoir pas fait une performance exceptionnelle, mais d’avoir correctement géré ma course. Mon corps a parfaitement répondu, mais je pense qu’il me faut encore travailler la tête. Je garderai des images inoubliables des paysages, des visages des bénévoles qui nous ont soutenus et portés de ravitaillement en ravitaillement, et l’émotion d’avoir franchi cette ligne, après 17h44min44s d’effort. L’accomplissement d’un rêve inaccessible.
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      Re: ALTRIMAN

      Message non lu par woody77 »

      ouh pinaise c'est long, j'ai pas eu le temps de tout lire :shock: tu viens manger ? oui :evil: :evil:
      tu viens manger ? rho ooo la baaaaaarbe je lis
      Groland...je mourrirai pour toi !
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      Re: ALTRIMAN

      Message non lu par asmath »

      J'ai mis presqu'autant de temps à faire le CR que la course :oops:
      Si j’avais à choisir entre une dernière femme et une dernière cigarette, je choisirais la cigarette : on la jette plus facilement ! - Lucien Ginsburg
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