Dijon moyenne distance : Compte-rendu

[Coeurgan]

C’est dimanche. Il est 7H du matin. Dans le couloir de la maison familiale mon frère Sylvain s’agite déjà. Pour ma part je suis très partagé. Deux perspectives s’offrent à moi. La première c’est un petit déjeuner gatosport, une descente en vélo vers le lac avec mon sac à dos, puis deux kilomètres et demi dans l’eau boueuse du lac Kir, quatre-vingt kilomètres de vélo et enfin une vingtaine de kilomètres dans une chaleur infernale. Le deuxième choix, il est à quelques centimètres de moi, je n’ai qu’à tendre le bras et mes rêves les plus fous se réaliseront, j’entrerai dans un univers de magie et de féérie, où tout est possible et bien plus encore. Et avec ça du rire, des larmes, du suspens et des sentiments, le tout confortablement installé dans mon lit, en mangeant ce que je veux quand je le veux. Bref d’un coté le triathlon de Dijon et de l’autre Harry Potter et le prince des sang-mêlés. Il va falloir choisir...

A 7H15, sans surprise mais avec un dernier regard envieux vers le livre merveilleux, je finis par me lever. Bien sûr il fait beau, bien sûr on va avoir TRES chaud.

Le lac Kir. Evidemment les dijonnais l’appellent le Lac. Le tour du Lac à pied est le passage obligé du dimanche après midi. Le reste du temps, c’est le règne des coureurs et des rollers. 3700 mètres, une balise tous les cent mètres, si on sait les chercher, de quoi se prévoir des entraînements aux petits oignons. J’en ai fait des tours du Lac en courant quand j’y pense. Et l’eau du Lac, j’en ai bu de l’eau du Lac... Kayak, planche à voile, triathlon, plein de bonnes raisons de boire la bonne eau du Lac, une eau verte, opaque, vaseuse... Mais bon quand on aime...

Et à nouveau me revoilà, prêt cette fois à boire le calice jusqu’à la lie. Prêt pour le grand triathlon de Dijon, comme je l’ai toujours appelé. Par opposition au petit triathlon bien sûr. Celui là je l’ai fait souvent mais il ne m’a jamais réussi, drôle de choix donc pour un premier grand triathlon. Mais entre le Lac et moi, faut pas se voiler la face, c’est un peu l’amour vache...

La natation, faut déjà sortir de la vase. Ensuite faut essayer d’éviter les coups des gars qui doublent, et enfin tu peux nager. Moi généralement quand je commence à nager il reste trois nageurs derrière moi. Et d’ailleurs quand je finis c’est rarement mieux. Mais cette fois je me suis entraîné, et pis j’ai ma combi. Par contre j’ai pas mes lunettes, enfin j’ai mes lunettes d’eau mais j’ai pas mes vraies lunettes. Donc sur la ligne de bateaux qu’on doit laisser à notre droite je vois qu’un seul bateau. Je suis obligé d’imaginer donc. Et j’imagine que c’est loin. D’ailleurs c’est loin. Mais tout arrive, le demi-tour, la presqu’île à gauche, la presqu’île à droite, le restaurant, et enfin je vois la banderole. Enfin je sors.

A la transition Sylvain est là et Soeur nous encourage. Bon temps il me dit, et il repart aussitôt. C’est vrai que c’est un bon temps, surprenant presque. Moi je crois que je suis prêt mais en fait non, alors je repars un peu après. En plus je crois que je vais le rattraper. Je suis loin du compte, et finalement c’est lui qui va me rattraper, en course à pieds, avec un tour d’avance.

Il faut pas croire mais à Dijon, il n’y a pas seulement le Lac. Il y a aussi ce Canal. Avec une belle piste cyclable. Avec des beaux arbres pour faire de l’ombre, des bateaux pour faire joli, des petites écluses pour faire passer les bateaux, et une meute de triathlètes qui cherchent, parfois vainement, la supravitesse. Je suis de ceux là, et je cherche vainement. Rien à faire je n’avance pas. Alors j’attends la côte en comptant les triathlètes. Ca fait passer le temps. Et une fois dans la côte, évidemment, je suis toujours scotché. Un peu moins peut-être mais pas sûr. Vivement la descente je me dis, tout en sachant que je suis pas très doué en descente. Alors comme je suis un optimiste, je me dis vivement la prochaine côte, ça ira mieux.

Et puis à la prochaine côte rien ne change. C’est ça le problème de l’optimisme, on a souvent des déceptions. Alors à Baulme-la-Roche, je regarde le paysage, qui reste magnifique, je respire le vrai air de la campagne, moi qu’on a exilé à Paname, et je continue à compter les triathlètes. En attendant la descente, encore une fois.

Elle finit par arriver la descente, là je suis vraiment chez moi, ça ne change rien à ma vitesse mais au moins je me sens bien, tout est simple et sans surprise. Ensuite retour au Canal. Il n’a pas bougé, il est toujours présent, toujours aussi plat, toujours désespérément tout droit. Et pédaler devient une charge, plus de trace de plaisir, je ne rêve que de descendre du vélo et de me coucher. Je m’imagine le 15 août dans cet état. Quelque chose se casse. Si je ne suis pas plus fort à Embrun c’est inutile de faire le voyage. Déraisonnable même. Et je n’ai plus le temps d’être plus fort. Devant moi un triathlète ralentit, il roule tranquillement le long de ce fameux Canal. C’est comme un rappel à l’ordre. Enfin, je me dis que moi aussi je dois ralentir, profiter un peu, et voir un peu comment je cours avant de tirer des conclusions.

Le Lac à nouveau. Je jette enfin le vélo maudit. Le soleil est très haut, brûlant, et le moral est bas, très bas. Je vois une inquiétude dans l’oeil de Jéjé qui est passé nous supporter. Je dois faire peine à voir. Chaussettes, chaussures, gels, casquette, mes gestes sont lents, mal assurés. J’entends Gilles Reboul au micro. Il n’a pas gagné mais il a tout donné. Moi j’ai l’impression d’avoir tout donné mais je suis loin d’avoir fini.

Enfin je repars. Et le miracle s’accomplit, le calvaire annoncé est repoussé aux calendes grecques, j’ai des jambes! Je cours sans problème! Pas vite évidemment mais je ne suis pas pressé. Marie et Loïc sont passés pour m’encourager eux aussi, et d’un coup mon moral en berne remonte. Je me sens bien. Je me sens fort. Et rien ne viendra troubler ce bonheur de courir que j’ai, moi qui aurait pourtant préféré être un cycliste.

La suite, c’est du détail. La suite c’est un point d’eau à chaque kilomètre qu’on attend comme si on avait passé deux jours dans le désert, c’est une racine qui dépasse, une culbute dans la terre, un spectateur qui m’aide à faire passer les crampes, un anglais qui demande si je suis “all right”, un chouchou, un “true triathlète” qui prend des photos sur un pont et que je ne veux pas déranger, les filles plus jolies les unes que les autres, l’eau fraîche du Lac qui tend les bras aux triathlètes calcinés, mon frère qui me double comme un avion, un ruban, les gamins qui tapent dans les mains, un indien qui se demande ce qu’Ils mettent dans les tubes de gel, et puis finalement l’arrivée, l’envie de lever les bras et la timidité peut-être qui m’en empêche.

Voilà. C’était long, c’était dur, c’était bon. Vivement le prochain, bravo et merci à l’organisation, parfaite encore une fois.

[sylvain]

[Irontryph]

Par contre j’ai pas mes lunettes, enfin j’ai mes lunettes d’eau mais j’ai pas mes vraies lunettes. Donc sur la ligne de bateaux qu’on doit laisser à notre droite je vois qu’un seul bateau. Je suis obligé d’imaginer donc. Et j’imagine que c’est loin. D’ailleurs c’est loin. ]


Euh... tu sais qu'il existe des lunettes de natation correctrices : ça coute environ 100 euros, mais ça permet d'éviter quelques détours en triathlon. Si tu es à Paris ils en ont chez Optique Reuilly Diderot 73 r Reuilly 75012 PARIS ... et le vendeur est très sympa

Enfin moi si je peux rendre service...

T'es à quel club à Paris ? Pis tu vas à embrun... c'est rigolo moi aussi !

[Augustin]

Bien joué et bienvenue parmi les amoureux du long
C'est vrai que le tri de Dijon est très sympa, je l'ai fait en 2002 et j'en ai un super souvenir (faisait chaud aussi...)
Super parcours, orga impecc, que du bonheur.

Merci pour ton récit très agréable à lire!

[Coeurgan]

J'ai une licence individuelle , je voulais m'inscrire au CNP mais c'est trop cher pour une première licence (400 ou 500 euros ).

Le RCF c'est pareil et les autres clubs on s'est un peu loupé. L'an prochain si je suis toujours coincé à Paris je pense m'inscrire au CNP car c'est pratique pour moi (j'habite à Vincennes)

Pour ce qui est des lunettes je suis pas très très myope, c'est clair que c'est galère quand tu vois pas l'arrivée mais bon je fais confiance aux autre nageurs pour arriver à bon port, c'est pas trop handicapant quand même et je me suis jamais "perdu".

[Rolix]

Pourrais-tu faire participer les lecteurs d'Xtriathlon à ton excellent compte-rendu ?
Merci de me le faire parvenir ici : r.beaubois@wanadoo.fr ainsi qu'une photo si tu as !

[Copste]

L'an prochain si je suis toujours coincé à Paris je pense m'inscrire au CNP car c'est pratique pour moi (j'habite à Vincennes).

Salut Coeurgan !!

Pour info, tu as un tout petit club, un peu comme les Gaulois (US Ivry) qui résiste devant les romains (CNP), il s'agit du Club d'Ivry Triathlon...

Certes, il y a beaucoup moins de créneaux d'entraînements mais tout de même de quoi faire : 3 séances de natation/3 séances de course à pied et surtout une sacré bonne ambiance.

Pour plus d'infos : contactes en MP "Le Coach" ou bien "Rear Flat"...

Copste ex-membre de la team de l'US Ivry et qui a aussi des copains au CNP...

[Irontryph]

bon ben moi aussi je fais ma pub en public : il y aussi le paris sport club qui résiste et qui se (re)développe : 3 séances natation avec entraineur, 2 séances càp en autogestion... et une très bonne ambiance

[Toma]

Bravo et merci pour ce CR !
J'ai moi aussi fait mon premier B hier à Dijon et je dois dire que j'ai retrouvé dans ton CR beaucoup de points communs avec ma course (surtout le "Très chaud", les filles plus belles les unes que les autres et le True triathlète qui faisait des photos de partout !)
Bon courage pour Embrun !

[HE]

bravo pour le recit
cnp 400 à 500 euros keskifont avec ce pognon ils on des lignes en plaquée or ou koi

[Coeurgan]

Merci de m'encourager.

Pour le CNP pour être juste c'est le prix de la licence "loisirs" car sinon des gens s'inscrivent au club pour profiter des infrastructures (géniales apparemment) sans faire de triathlon et éviter de payer l'abonnement à l'année (comme un genre de club de fitness)

en fait pour les triathlètes c'est moins cher que ça (mais c'est cher quand même) mais moi j'avais jamais eu de licence donc j'étais pas considéré comme un triathlète...

Voilà

[Copste]

bravo pour le recit
cnp 400 à 500 euros keskifont avec ce pognon ils on des lignes en plaquée or ou koi

Nan les lignes c'est des tuyaux d'arrosage, comme ça tu te blesses pas !!

Pour redevenir sérieux, ils ont des tonnes de créneaux piscine, accès à une salle de musculation, jacuzzi/hamman je crois et touti quanti, des tenues, des prix sur du matos...

[Irontryph]

Viens chez nous tu verras on s'amuse comme des p'tits fous
On fait embrun en faisant des bonds comme ça !!!

[tuckson]

Trés sympa ce CR

J'ai également cru m'y reconnaitre surtout les montées scotché au bitume (moi qui ne roule qu'en Seine et Marne, l'entrainement en cote c'est moyen ) et ces derniers km le long du canal (à l'aller je ne les ai même pas vu passer mais au retour...). Comme baptême du long (SVP, que personne ne me dise qu'il ne s'agit que d'un moyen ), je n'ai pas été deçu.
Par contre, je me demandais s'il était raisonnable d'envisager Vouglans mais avec ton engagement à Embrun, tu me rassures ; finalement je suis un garcon hyper prudent dans mes choix
Que la force soit avec toi

Kénavo

[Cyril.S]

slt coeurgan, et bien j était, C t pour moi la première participation a Dijon. Les conclusions perso de cette épreuve est que c t l’enfer, non pas pour c distance qui reste dans l’humainement possible, mais pour sa chaleur écrasante digne d’un sauna mais sans humidité ! ! en effet comme tu la précisé déjà dans ton récit , avant même de partir ( 10h ) rien que le faite de mettre la combi et d’attendre 5min le départ, la cuisson était presque a point. Le vélo, alors la g pris une sacrée leçons d’humilité, moi qui me croyait bon ! route avec un mauvais rendement + chaleur, sa ma scotché, au dernier ravito un vrai zombi ! et le plus dure restait a faire ( les cotes ). Aillait la fin du canal, je te rassure il n’y a pas que toi qui l’attendais cette fin de vélo ! et cette odeur de vase………transition, c parti pour 21km, l’allé impec mais le retour face aux immeubles ! un vrai cauchemar même plus la force de penser tellement la chaleur était écrasante . enfin une fois la ligne d’arrivé passé ( une loque ) obligé de s’allonger par terre au moins 10min afin de faire passé ce tournis et c nausée qui me gagne. Dans l’ensemble c’est une journée réussi , performance correct , une ambiance sympa, une organisation sans faille et une équipe de kinés super ! je leurs passe un grand bonjour et les félicites pour leur gentillesse et leur compétence ( école de kiné de Dijon ) ainsi qua l’organisation et bénévoles. A l’année prochaine……………………..